VI. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC LE COMTE C.-G. FINCK DE FINCKENSTEIN. (3 AOUT 1759 - 28 MAI 1785.)[Titelblatt]
<304><305>1. AU COMTE DE FINCKENSTEIN.
Beeskow, 3 août (1759).
Je viens d'arriver après de cruelles et terribles marches. Il n'v a rien de désespéré dans tout ceci, et je crois que le bruit et l'inquiétude que cette équipée a causés sera ce qu'il y aura de plus mauvais. Montrez ma lettre à tout le monde, pour que l'on sache que l'État n'est pas sans défense. J'ai fait au delà de mille prisonniers à Hadik. On lui a pris tous ses chariots de farine. Finck, je crois, l'observera de près. Voilà tout ce que je puis dire. Je marcherai demain jusqu'à deux lieues de Francfort. Il faut que Katte339-a m'envoie incessamment deux cents winspels de farine et des boulangers, une centaine, à Fürstenwalde. Je camperai à Wulkow. Je suis très-fatigué. Voilà six nuits que je n'ai pas fermé l'œil. Adieu.
2. AU MÊME.
(Wulkow) ce 8 (août 1759).
Si vous entendez tirer demain, ne vous en étonnez pas; c'est la réjouissance pour la bataille de Minden. Je crois que je vous lanternerai encore quelques jours. J'ai beaucoup d'arrangements à prendre; je trouve de grandes difficultés à surmonter, et il faut sauver la patrie, non pas la perdre; je dois être plus prudent et plus eut reprenant que jamais. Enfin je ferai et j'entreprendrai <306>tout ce que je croirai faisable et possible. Avec cela, je me trouve dans la nécessité de me hâter pour prévenir les desseins que Hadik pourrait avoir sur Berlin. Adieu, mon cher. Ou vous chanterez un De profundis,340-a ou un Te Deum dans peu.
3. AU MÊME.
(Oetscher) ce 12 (août 1709).
J'ai attaqué ce matin à onze heures l'ennemi. Nous les avons poussés jusqu'au cimetière des juifs,340-b auprès de Francfort. Toutes mes troupes ont donné, et ont fait des prodiges; mais ce cimetière nous a fait perdre un prodigieux monde. Nos gens se sont mis en confusion; je les ai ralliés trois fois; à la fin, j'ai pensé être pris moi-même, et j'ai été obligé de céder le champ de bataille. Mon habit est criblé de coups. J'ai deux chevaux de tués. Mon malheur est de vivre encore. Notre perte est très-considérable. D'une armée de quarante-huit mille hommes, je n'en ai pas trois mille dans le moment que je parle. Tout fuit, et je ne suis plus maître de mes gens. On fera bien à Berlin de penser à sa sûreté. C'est un cruel revers, je n'y survivrai pas. Les suites de l'affaire seront pires que l'affaire même; je n'ai plus de ressources, et, à ne point mentir, je crois tout perdu. Je ne survivrai point à la perte de ma patrie. Adieu pour jamais.
<307>4. AU MÊME.
Waldow, 15 septembre 1759.
J'ai bien reçu votre rapport du 13 de ce mois, et vous faites bien d'écrire au baron Knyphausen341-a les nouvelles que vous marque le sieur Benoît, à Varsovie. Vous saurez sans doute déjà que Leipzig s'est rendu au général-major de Wunsch, etc., etc., etc.
Si vous pensez que mes embarras cessent, vous vous trompez beaucoup. Je ne puis m'expliquer davantage que je l'ai fait. Souvenez-vous de ce que, l'année passée, je vous ai dit à Dresde. Je crains d'avoir trop bien rencontré. Cependant il faut s'armer de fermeté; et comme j'ai pris mon parti dans tous les cas, j'attends tranquillement les événements qu'il plaira au hasard d'amener.341-b
5. AU MÊME.
Breslau, 31 janvier 1762.
Vous pouvez aisément vous représenter l'extrême satisfaction que j'ai ressentie en voyant ce que votre dépêche du 27 de ce mois vient de m'apprendre. Tout ce qui est le plus pressant à faire, c'est que vous écriviez au sieur Gudowitsch342-a une lettre très-polie et flatteuse, pour l'inviter de ma part à venir me voir ici. Vous le sonderez en même temps s'il aimera, en arrivant ici, de garder l'incognito, ou s'il croit pouvoir se passer de tout mystère, ce dont il faut que vous me préveniez, avant son départ, par un courrier qui le devancera au moins d'un jour. Reposez-vous sur moi de tout le reste, et soyez persuadé que je ne gâterai rien aux affaires pendant de si belles apparences, après que j'aurai parlé à notre <308>homme pour voir au fond de sa boutique. Le temps ne me permet pas de m'expliquer plus amplement à présent envers vous, par plusieurs arrangements que je prends préalablement, qui doivent servir au succès de cette affaire importante. Faites mille compliments à M. Mitchell, et assurez-le de toute ma reconnaissance des sentiments qu'il continue à me donner de son amitié. Il y a une chose dont vous l'avertirez de ma part : c'est de vouloir bien avertir le sieur Keith342-b de ne pas trop se roidir contre le nouvel empereur dans ses vues qu'il fait remarquer contre les Danois. Vous savez qu'il n'y a rien de plus pressé que de nous réconcilier promptement avec la Russie, pour nous retirer du bord du précipice. Si le sieur Keith s'opposait trop dans ce moment aux vues de l'Empereur à cet égard, on le révolterait, et l'on risquerait de l'aigrir et de gâter tout dès le commencement, et nos ennemis en profiteraient pour l'entraîner dans leur parti en lui promettant tout. Il y a des moments pour tout. Dans le présent, nos affaires sont ce qu'il y a de plus pressant; le temps pourra amener le reste. Et sur ce, je prie Dieu, etc.
Voici le premier rayon de lumière qui paraît. Le ciel en soit béni! Il faut espérer que les beaux jours suivront les orages. Dieu le veuille!343-a
6. AU MÊME.
Le 20 avril 1763.
Vous aurez la bonté de faire savoir où cela se doit que les dames d'honneur de feu ma mère conserveront à la cour et partout le rang qu'elles ont eu de son vivant.343-b
<309>7. AU MÊME.
(Potsdam) ce 11 (mai 1763).
Je vous prie de me faire faire un extrait des négociations de Bussy en Angleterre, des prétentions de l'Espagne touchant le bois de campêche, de l'avis de Pitt de déclarer la guerre à l'Espagne, de sa retraite du ministère, de l'entrée de Bute dans le conseil, de sa négociation à Vienne, du renvoi de Bussy, de la retraite du duc de Newcastle et de celui de Devonshire, de la déclaration de guerre de l'Espagne, du pacte de famille;344-a s'il vous plaît d'y faire ajouter les dates, et d'y joindre, si vous le voulez bien, un extrait du traité de Paris entre la reine de Hongrie et la France,344-b que nous avons reçu de Woronzow. Il ne me faut que des extraits de toutes ces pièces, et comme vos clercs n'ont pas grande occupation à présent, cela ne fera tort en rien au courant des expéditions. Je suis avec bien de l'estime, monsieur le comte, votre fidèle ami.
8. AU MÊME.
Potsdam, 6 septembre 1763.
Comme je désire d'avoir de vous un exemplaire du premier imprimé, avec les Pièces justificatives, qui fut publié lors du commencement de la dernière guerre, vous m'en enverrez un, au plus tôt mieux. Et sur ce, etc.344-c
<310>9. DU COMTE DE FINCKENSTEIN.
Berlin, 6 septembre 1768.
Votre Majesté m'ayant ordonné de lui envoyer un exemplaire du premier imprimé, avec les Pièces justificatives, qui fut publié lors du commencement de la dernière guerre, je crois ne pouvoir mieux satisfaire à cet ordre qu'enjoignant à cette très-humble dépêche l'Exposé des motifs, qui est la première pièce qui ail paru alors, et le Mémoire raisonné, qui fut publié peu de temps après, et qui contient les Pièces justificatives.345-a
10. DU MÊME.
Berlin, 6 octobre 1763.
J'ai l'honneur, en conformité des ordres de Votre Majesté, de lui présenter très-humblement le mémoire qu'elle a souhaité d'avoir sur les négociations qui ont précédé et amené la dernière guerre,345-b et je joins aussi un extrait des événements de cette guerre jusqu'à la fin de l'année 1757. Le reste ne pourra être achevé que dans une couple de jours, à cause de la quantité d'actes et de relations qu'il faut parcourir pour cet effet, et je ne manquerai pas de l'envoyer alors également à V. M.
<311>11. AU COMTE DE FINCKENSTEIN.
Potsdam, 7 novembre 1763.
J'ai reçu, à la suite de votre lettre du 6, le mémoire contenant les principaux événements de la guerre maritime entre la France et l'Angleterre, ainsi que le précis des changements survenus dans le ministère britannique pendant le cours de ladite guerre,346-a dont je vous sais parfaitement gré, et prie Dieu, sur ce, etc.346-b
12. DU COMTE DE FINCKENSTEIN.
Berlin, 5 mars 1773.
J'ai l'honneur de présenter très-humblement à Votre Majesté la lettre ci-jointe de l'électrice douairière de Saxe, que le sieur de Stutterheim vient de me remettre.346-c
Frédéric a écrit au bas de cette pièce :
Je vous suis fort obligé de la lettre de l'Électrice; j'y répondrai ces jours. Mais il s'agit à présent encore d'une autre chose; il faut que je trouve un précepteur pour mon petit-neveu. Je suis bien embarrassé du choix. Ce Behnisch qui revient de Suède serait-il propre à cela?347-a Sinon, il faudra voir si en Suisse on <312>pourra trouver quelque bon sujet : et si vous en savez, vous me ferez le plaisir de me le dire.
13. AN DEN GRAFEN VON FINCKENSTEIN.
Berlin, den 11 December 1779.
Mein lieber Etats- und Cabinets-Minister Graf von Finckenstein. Da die Cüstrinsche Regierung eine höchst ungerechte Sentence in Sachen wider den Müller Arnold aus der Pommerziger Krebsmühle abgesprochen,347-b indem sie, ohne im mindesten auf die Umstände Rücksicht zu nehmen, und ohne in Erwägung zu ziehen, dass gedachtem Müller von einem Edelmann, Behufs seiner angelegten Teiche, das Wasser genommen, und er deshalben nicht mahlen, und also seine Pacht nicht abführen können, dennoch darauf erkannt hat, dass die Mühle verkauft werden sollen, damit der Edelmann seinen Zins oder Pacht kriegen könne; so ist es unumgänglich nöthig, dass dieser grossen Ungerechtigkeit wegen ein Exempel statuirt wird. Ich habe daher befohlen, dass die vier ersten Räthe aus gedachter Regierung arretiret werden sollen. Was aber den Präsidenten, als Euren Sohn, betrifft, so wird er seines Postens entsetzet. Ich melde Euch also solches hiemit und thut es Mir leid, dass Ich dazu schreiten müssen; allein er hat seine Sachen bei dieser Gelegenheit so grob gemacht, dass er einer solchen grossen Ungerechtigkeit beigetreten, und nicht vielmehr gesuchet hat, seiner Pflicht und Schuldigkeit gemäss, sie davon zurückzuhalten, und eine unparteiische Justiz zu administriren. Das Exempel was Ich hierunter statuire, ist also höchst nothwendig und unumgänglich nöthig, um alle übrige Justiz-Collegia in sämmtlichen Provinzien dadurch in Attention <313>zu bringen, wie Ihr solches auch selbst anerkennen werdet. Ich bin im Uebrigen
Ew. wohlaffectionirter König Friderich.
Le bandeau de la justice la rend aveugle sur les personnes : elle ne voit que les prévarications.348-a
14. DU COMTE DE FINCKENSTEIN.
Berlin, 12 décembre 1779.
Votre Majesté pourra facilement juger à quel point j'ai dû être affecté en apprenant, par l'ordre qui m'est parvenu ce matin, que mon fils a eu le malheur de tomber dans sa disgrâce. Je n'en suis pas moins sensible à la manière dont elle a bien voulu me faire part d'un événement d'ailleurs si affligeant pour un père. J'y reconnais les bontés de V. M. pour moi, et j'en sens tout le prix.
15. AU COMTE DE FINCKENSTEIN.
Le 25 novembre 1780.
La maladie de mon ministre d'État et de Cabinet de Hertzberg, votre collègue, me fait une peine infinie, et il aurait tous mes regrets, si effectivement il devait y succomber. Quoique les apparences semblent menacer les jours de ce patriote, j'aime à me persuader qu'il pourra en revenir encore; et ce qui favorise mes espérances, c'est qu'à l'ordinaire les Poméraniens sont d'une pâte plus solide que les autres, et par cela même plus capables de résister aux chocs qui ébranlent les constitutions ordinaires. Je forme des vœux bien sincères et ardents pour son prompt et par<314>fait rétablissement, et j'en apprendrai la nouvelle avec un vrai plaisir.
16. AU MÊME.
Le 26 novembre 1780.
C'est avec un plaisir bien sensible que j'apprends, par votre rapport d'hier, le changement favorable qui se manifeste dans la maladie de mon ministre d'État de Hertzberg, votre collègue. Il me fait espérer que, à moins de quelques nouveaux symptômes fâcheux, l'art conservateur de nos jours renouera le fil délicat des siens, en accroîtra la force, et en augmentera la durée à ma satisfaction et pour le bien de mon service. Je le souhaite, etc.
17. AU MÊME.
Le 28 novembre 1780.
.... Pour vos nouvelles de la santé de mon ministre d'État de Hertzberg, votre collègue, elles m'ont fait un plaisir bien sensible. Son médecin350-a m'a rapporté également que son état est tel, que, à moins d'une récidive, et pourvu qu'il se tienne bien tranquille et éloigné de toute occupation quelconque, ces prémices de convalescence feront journellement des progrès, et le mèneront à un rétablissement parfait. Je souhaite que ce pronostic favorable se remplisse,350-b et qu'aussi votre santé reste intacte et aussi inaltérable que je le désire.
<315>18. AU MÊME.
Potsdam, 23 avril 1781.
Le Roi n'est nullement embarrassé de sa lettre à l'impératrice de Russie. S. M. sait trop bien comment la rendre intéressante à S. M. I. Ce n'est pas non plus le moment actuel qu'elle redoute. Elle sent bien que ce premier pas de l'Impératrice vers l'Autriche ne sera pas décisif. Ce n'est uniquement que l'avenir qui lui présente une perspective alarmante. Ce premier pas fait, l'Empereur épiera bien l'occasion pour faire avancer la Russie et l'enfoncer imperceptiblement dans ce labyrinthe, qu'elle ne saura plus reculer, et sera à sa discrétion lorsque la Providence jugera à propos de disposer des jours de S. M. C'est là l'époque que l'Empereur paraît avoir fixée pour envahir les États de Prusse. Ce n'est pas tant pour elle-même que pour son successeur que S. M. appréhende le changement de système en Russie. En effet, son neveu le Prince de Prusse se trouverait alors bien isolé et dénué des secours stipulés par notre alliance. Le concours d'autres événements encore pourrait bien rendre sa position plus scabreuse. Voilà les vrais rompements de tête de S. M. Sa lettre à l'Impératrice n'y entre absolument pour rien. Mais les remèdes aux maux à venir, lorsqu'elle ne sera plus, voilà la pierre philosophale qu'il lui importe de déterrer, et que jusqu'ici elle n'a pas encore pu trouver.
Federic.351-a
<316>19. AU MÊME.
Le 28 mai 1785.
Je vous prie de me mander ce que vous pensez sur ce sujet;351-b et n'oubliez pas que nous pouvons être bons amis, et envisager différemment la même chose. Adieu, mon cher comte.
<317>APPENDICE.
INSTRUCTION SECRÈTE POUR LE COMTE DE FINCK.353-a BERLIN, 10 JANVIER 1757.
Dans la situation critique où se trouvent nos affaires, je dois vous donner mes ordres pour que, dans tous les cas malheureux qui sont dans la possibilité des événements, vous soyez autorisé aux partis qu'il faut prendre. 1o S'il arrivait (de quoi le ciel préserve!) qu'une de mes armées en Saxe fût totalement battue, ou bien que les Français chassassent les Hanovriens de leur pays, et s'y établissent, et nous menaçassent d'une invasion dans la Vieille-Marche, ou que les Russes pénétrassent par la Nouvelle-Marche, il faut sauver la famille royale, les principaux dicastères, les ministres, et le directoire. Si nous sommes battus en Saxe du côté de Leipzig, le lieu le plus <318>propre pour le transport de la famille et du trésor est à Cüstrin; il faut, en ce cas, que la famille royale et tous ci-dessus nommés aillent, escortés de toute la garnison, à Cüstrin. Si les Russes entraient par la Nouvelle-Marche, ou qu'il nous arrivât un malheur en Lusace, il faudrait que tout se transportât à Magdebourg. Enfin, le dernier refuge est à Stettin; mais il ne faut y aller qu'à la dernière extrémité. La garnison, la famille royale et le trésor sont inséparables, et vont toujours ensemble; il faut y ajouter les diamants de la couronne, et l'argenterie des grands appartements, qui, en pareil cas, ainsi que la vaisselle d'or, doit être incontinent monnayée. S'il arrivait que je fusse tué, il faut que les affaires continuent leur train sans la moindre altération, et sans qu'on s'aperçoive qu'elles sont en d'autres mains; et en ce cas il faut hâter serments et hommages, tant ici qu'en Prusse, et surtout en Silésie. Si j'avais la fatalité d'être pris prisonnier par l'ennemi, je défends qu'on ait le moindre égard pour ma personne, ni qu'on fasse la moindre réflexion sur ce que je pourrais écrire de ma détention. Si pareil malheur m'arrivait, je veux me sacrifier pour l'État, et il faut. qu'on obéisse à mon frère, lequel, ainsi que tous mes ministres et généraux, me répondront de leur tête qu'on n'offrira ni province ni rançon pour moi, et que l'on continuera la guerre en poussant ses avantages tout comme si je n'avais jamais existé dans le monde.
J'espère et je dois croire que vous, comte Finck, n'aurez pas besoin de faire usage de cette instruction; mais, en cas de malheur, je vous autorise à l'employer, et, marque que c'est, après une mûre et saine délibération, ma ferme et constante volonté, je la signe de ma main, et la munis de mon cachet.
(L. S.)
Federic R.
<319>INSTRUCTION SECRETE POUR LE CONTE DE FINC355-a BERLIN CE 10 DE JANV : 1757.
Dans La Situation Critique ou se trouvent nos affaires je dois Vous donner mes Ordre pour que dans tout Les Cas Malheureux qui sont dans la posibilité des Evenements vous soyez autorissé aux partis quil faut prendre. 1o Sil arivoit (de quoi le Ciel préserve!) qu'une de mes armées en Saxse fut totallement battue, oubien que les Français chassassent les Hanovriens de leur pays et s'y établissent, et nous menaçassent d'un Invassion dans la Vieille-Marche, ou que les Russes pénétrassent par La Nouvelle-Marche, il faut sauver la famille Royale, les principeaux dicastères les Ministres et le Directoire, si nous somes battus en Saxse du côté de Leipzig, le Lieu le plus propre pour le transport de la famille et du trésor est a Cüstrin; <320>il faut en ce cas que la famille royale et touts cidesus nommés aillent escortéz de toute la garnison, à Cüstrin. Si les Russes entroient par la Nouvelle-Marche ou quil nous arivat un Malheur en Lusace, il faudroit que tout Se transportat a Magdebourg, enfin Le Derniér refuge est a Stetein, mais il ne faut y allér qu'a La Derniere exstremité La Guarnisson la famille Royalle et le Tresort Sont Inseparables et vont toujours ensemble il faut y ajoutér les Diamans de la Couronne, et L'argenterie des Grands Apartements qui en pareil Cas ainsi que la Veselle d'or doit etre incontinant Monoyée. Sil arivoit que je fus tué, il faut que Les affaires Continuent Leur train sans la Moindre allteration et Sans qu'on s'apersoive qu'elles sont en d'autre Mains, et en Ce Cas il faut hater Sermens et homages tant ici qu'en prusse et surtout en Silesie. Si j'avois la fatalité d'être pris prissoniér par L'Enemy, je Defend qu'on Aye le Moindre egard pour ma perssonne ni qu'on fasse La Moindre reflextion sur ce que je pourois ecrire de Ma Detention, Si pareil Malheur m'arivoit je Veux me Sacriffiér pour L'État et il faut qu'on obeisse a Mon frere le quel ainsi que tout Mes Ministres et Generaux me reponderont de leur Tette qu'on offrira ni province ni ransson pour moy et que lon Continura la Guerre en poussant Ses avantages tout Come si je n'avois jamais exsisté dans le Monde.
J'espere et je dois Croire que Vous Conte fine n'aurez pas bessoin defaire usage de Cette Instruction mais en cas de Malheur je Vous autorisse a L'Employér, et Marque que C'est apres Une Mure et saine Deliberation Ma ferme et Constante Volonté je le Signe de Ma Main et la Muni de mon Cachet
(L. S.)
Federic R356-a
339-a Henri-Christophe de Katte, ministre d'État, mort le 23 novembre 1760.
340-a Voyez t. XIX, p. 363.
340-b Voyez t. V, p. 19 et suivantes, et t. XX, p. 314.
341-a Ministre du Roi à Londres de 1758 à 1763. Voyez l'Avertissement en tète de ce volume. no VI, et ci-dessus, p. 303.
341-b De la main du Roi.
342-a Voyez t. V, p. 175; t. XVII, p. XII, 405 et 406; et t. XIX, p. 329.
342-b Voyez t. V, p. 175.
343-a Ce post-scriptum, de la main du Roi, est déjà imprimé dans l'ouvrage de Klaproth et Cosmar, Der Wirklich Geheime Staats-Rath, p. 60.
343-b De la main du Roi.
344-a Tous ces points sont traités t. V, p. 171 et suivantes.
344-b Voyez t. IV, p. 206, 260 et suivantes, et ci-dessus, p. 267.
344-c De la main d'un secrétaire.
345-a Voyez t. I, p. v, et t. IV, p. 1, 43, 47 et suivantes.
345-b Voyez t. IV, p. 13 et suivantes.
346-a Voyez t. IV, p. 31 et suivantes.
346-b De la main d'un secrétaire.
346-c Il s'agit ici de la lettre de l'Electrice, du 21 février 1773, à laquelle Frédéric répondit le 6 mars suivant. Voyez t. XXIV, p. 82, 275 et suivantes, nos 165 et 166.
347-a M. C.-F. Behnisch, né à Militsch dans la Basse-Silésie, avait été, depuis 1767, secrétaire de la légation prussienne à Stockholm. A la recommandation du comte de Finckenstein. Frédéric le plaça en effet comme précepteur auprès de son petit-neveu (Frédéric-Guillaume III). Voyez Berliner Kalender für 1845, Berlin, chez Reimarus, p. 10 et suivantes.
347-b On trouve dans J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse, eine Lebensgeschichte, t. III. p. 381-412, une relation détaillée de ce fameux procès, tirée des actes et suivie, p. 489-526, de trente et une pièces justificatives.
348-a Note marginale de la main du Roi.
350-a Le conseiller intime Cothenius, médecin du Roi. Voyez t. XIII, p. 34; t. XIX, p. 38; t. XX, p. 137; et t. XXII, p. 323.
350-b Voyez t. XXIV, p. 385-387.
351-a L'original de cette pièce, adressée au département des affaires étrangères, est, à la signature près, de la main de M. Müller, conseiller de Cabinet. Le comte de Finckenstein a écrit au haut : Praes. d. 23. April 1781.
351-b Il s'agit du plan d'une ligue des princes allemands, que le Roi envoyait avec ce billet au comte de Finckenstein. On trouve, t. VI, p. 287 et suivantes, le Projet de la ligue à former entre les princes d'Allemagne, du 24 octobre 1784, et la Lettre du Roi à ses ministres de Cabinet, du 1er novembre 1784, relative au même objet.
353-a Cette Instruction secrète, copiée sur l'autographe, et imprimée selon nos principes, rappelle les autres dispositions testamentaires de Frédéric, par exemple, celles du 10 août 1758 (t. IV, p. 295 et 296) et du 8 janvier 1769 (t. VI, p. 243-248). Deux autres ordres pareils, l'un, du 22 août 1758, à ses généraux, et l'autre, du 12 août 1759, au lieutenant-général de Finck, seront imprimés, le premier à la suite de la correspondance du Roi avec le prince Henri, et le second parmi la correspondance en langue allemande. L'Instruction secrète rappelle aussi les lettres et les poésies que Frédéric écrivit après la bataille de Kolin, dans lesquelles il faisait allusion à sa résolution de mourir, s'il le fallait, et dont nous avons cité plusieurs dans notre t. XXIII, p. 16. Enfin, on peut consulter la correspondance du Roi avec son frère le prince Henri, à partir de la lettre du 19 novembre 1757.
355-a Le texte, que nous donnons ici est la reproduction exacte, en quelque sorte le fac-similé imprimé de l'autographe. Ce remarquable document avait été renfermé dans une enveloppe à deux cachets; l'adresse, A mon ministre d'État et de Cabinet le comte de Finckenstein, est de la main de M. Eichel. Le comte de Finckenstein mit la pièce dans une enveloppe sur laquelle il inscrivit lui-même : Höchsteigenhändige und ganz geheime Instructions, welche mir, nebst denen Beylagen, den 12. Januarii 1757 zugestellet worden. Voici les sommaires des deux appendices (Beylagen) dont il est fait mention dans cette inscription. Ils se trouvent au bas de ces pièces, qui sont toutes deux datées de Berlin, 12 janvier 1757, et portent le sceau du Roi et sa signature, Fch.
1o Ordre an das Gouvernement zu Stettin : Demjenigen ponctuel nachzukommen, was auf gewisse Vorfälle, währenden jetzigen Kriegeszeiten, der Etats-Minister Graf von Finckenstein, in Conformité der von Sr. Königlichen Majestät ihm ertheilten geheimen Instruction, demselben bekannt machen wird.
2o Ordre an das gesammte Etats-Ministerium zu Berlin : Allem demjenigen exacte Folge zu leisten, was, auf gewisse Fälle, ihnen der Etats- und Cabinets-Minister Graf von Finckenstein, im Namen Sr. Königlichen Majestät, nach der ihm ertheilten schriftlichen secreten Instruction sagen und aufgeben wird.
Le comte de Finckenstein a écrit de sa main au haut de l'autographe de l'Instruction secrète du 10 janvier 1757 : Praes. den 11. Januarii 1757. Il est probable que ce ministre a mis sur l'enveloppe la date du 12 janvier, comme étant celle où il avait reçu les dernières pièces.
356-a Frédéric a rarement ajouté à son nom son titre de Roi ou de Prince royal (voyez t. XVI, p. 195).