<152>mais, mon cher, vous ne distinguez pas qu'il faut quatre semaines pour qu'ils arrivent, et qu'il ne vous faut que quatre jours. Malgré toute votre ambition et votre bonne volonté, vous avez pensé mourir en Bohême, et ma présence vous a été entièrement inutile. Je vous aime de tout mon cœur; mais je ne veux pas exposer inutilement la vie d'un frère qui m'est cher. Si le bien de l'État et votre propre gloire le demandent, à la bonne heure; c'est alors votre vocation; mais il ne faut point que ce soit mal à propos. Soyez donc tranquille, mon cher Henri, et attendez qu'il soit temps de venir ici. Adieu; n'oubliez pas le vieux frère, et soyez persuadé que jusqu'à sa mort il vous aimera tendrement.

10. DU PRINCE HENRI.

Rheinsberg, 18 avril 1745.



Mon très-cher frère,

La Reine-mère est arrivée ici en très-bonne santé. Ce fut le 15 qu'elle arriva à Oranienbourg. Elle s'y est plu infiniment, et elle est de la meilleure humeur du monde. Hier elle est arrivée ici; elle couche dans le même appartement où vous avez couché autrefois; ma sœur Amélie couche dans la chambre de lit de la reine régnante, et la princesse dans la chambre bleue attenante. La maison plaît infiniment à la Reine, et elle trouve ce séjour-ci charmant. Tout le monde tâche à l'amuser de son mieux; Pöllnitz y contribue beaucoup, étant aussi de très-bonne humeur. La Reine a souhaité voir la cour de Mirow, et je crois qu'ils viendront demain au soir ici. Mercredi elle retournera à Oranienbourg, et jeudi à Berlin. Mon frère et moi, nous partirons samedi; nous nous réjouissons beaucoup du prochain bonheur de vous revoir, et moi en particulier de pouvoir vous assurer de l'attachement inviolable avec lequel je serai toute ma vie, mon très-cher frère, etc.