<159>tout à fait fraternelle, je ne puis vous cacher que j'ai été un peu surpris de ce que vous en destinez une partie pour abolir quelques dettes. J'ai cru que comme depuis peu de temps elles ont toutes été payées, il ne vous en restait absolument plus. Si un conseil qui part de l'amitié très-sincère que j'ai toujours pour vous peut trouver lieu, vous garderez cette somme en entier, et tâcherez de régler votre maison de façon que vos revenus y puissent subvenir; car si vous touchez une fois à cet argent, dans peu de temps il sera évanoui, et vous ne saurez plus où il est resté. Si donc, mon cher frère, vous voulez suivre l'avis que mon affection pour vous a fait naître, vous tâcherez de placer cette somme pour en tirer parti, et éviterez de contracter de nouvelles dettes, comme cela est fort possible avec les revenus que vous avez. Je me flatte que vous voudrez bien déférer à un conseil qui ne part que de l'amitié et de l'affection avec laquelle je serai toujours, mon très-cher frère, etc.a
Vous irez à l'hôpital, mon cher frère, si vous continuez à manger votre bien et à faire des dettes. Dépense faite, j'ai calculé qu'il vous reste par an vingt-sept mille écus pour vos menus plaisirs. Cette somme, me semble, devrait vous satisfaire, et vous en pourriez payer toute dépense extraordinaire.b
20. AU MÊME.
Ce 1er (août 1755).
Mon cher frère,
Je vous suis fort obligé de la part que vous daignez prendre à ma maladresse. Je suis tombé de cheval,c aussi mauvais écuyer
a De la main d'un secrétaire.
b De la main du Roi.
c Le 28 juillet 1755. Voyez t. XXV, p. 303.