<199>la tendresse et de tous les sentiments d'estime avec lesquels je suis, etc.
Vous aurez la bonté de faire faire un feu de réjouissance pour le gain de la bataille de Minden.
68. AU MÊME.
Lebus, 16 août 1759.
Nous sommes venus camper à Lebus. L'ennemi a fait des pertes considérables. La bataillea aurait été gagnée, si l'infanterie n'avait pas plié tout d'un coup. Le prince de Würtemberg et Seydlitz blessés, la cavalerie a disparu du champ de bataille. Nos chevaux de canon ont été tués, ce qui fait que nous en avons beaucoup perdu. Je fais revenir de l'artillerie de Berlin; enfin je fais l'impossible pour soutenir l'État chancelant. Nous n'avons pas au delà de deux mille cinq cents morts, mais au delà de dix mille blessés, dont sûrement six mille reviendront en peu de temps. Vous ne pouvez rien faire dans tout ceci. J'espère que le prince Ferdinand me délivrera de l'armée de l'Empire. Le moment que je vous annonçais notre malheur, tout paraissait désespéré;b ce n'est pas que le danger ne soit encore très-grand, mais comptez que tant que j'aurai les yeux ouverts, je soutiendrai l'État comme c'est mon devoir. Un étui que j'ai eu dans la poche m'a garanti la jambe d'un coup de cartouche qui a écrasé l'étui.a
a Celle de Kunersdorf. Voyez t. V, p. 20-22.
b Voyez l'Instruction donnée par le Roi au général de Finck le 12 août, immédiatement après la bataille de Kunersdorf, et sa lettre au ministre d'État comte de Finckenstein, de la même date. La première de ces pièces est imprimée dans J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse, eine Lebensgeschichte, t. I, p. 450, et l'autre dans notre t. XXV, p. 340 et 341. La lettre au prince Henri à laquelle Frédéric fait allusion ne parvint pas à son adresse; elle n'a pas été retrouvée.
a Voyez t. XIX, p. 213.