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72. AU MÊME.

Glogau, 5 novembre 1759.

.... Je partirai d'ici après-demain, et j'aime mieux me rendre estropié et boiteux à mon devoir que d'y manquer. Je me flatte de ne vous plus trouver à Torgau, mais d'être obligé de vous suivre. Vous pourrez désormais envoyer les courriers par la Lusace, où tout sera tranquille pour un temps, et où le grand corps avec lequel je marche imprimera de l'attention à l'ennemi. Je me souviens de Philippe II, auquel ses généraux écrivirent de ne point venir dans l'armée comme un bagage à charge, mais pour y être utile. Je mène au moins un renfort avec moi, pour que personne n'ait à se plaindre. Je vous embrasse de tout mon cœur.

73. AU MÊME.

Spremberg, 10 novembre 1759.

.... Après avoir tout bien examiné, mon cher frère, je trouve que je profite six bons milles en marchant sur Elsterwerda et Merschwitz, ce qui n'est pas une bagatelle pour un goutteux et pour des troupes harassées par de très-fortes marches. J'ai écrit à Torgau, pour que mes grenadiers, mon bagage, et tout ce qui tient à ma maison, me joignent à Elsterwerda. Si Daun ne court pas bien vite, de quoi je doute, je vous joindrai sûrement, le 14, quelque part entre Meissen et Wilsdruf, où je suppose que vous serez alors. Mon petit corps ne sera à charge à personne; nous avons du pain jusqu'au 21, et nous nous en pourvoirons encore jusqu'au 30 de ce mois. Je pars incessamment pour un village qui est entre Senftenberg et Ruhland; demain je serai de bonne heure à Elsterwerda. Ne trouvez-vous pas que j'arrive chez vous comme Pompée? Lucullus avait presque réduit Mithridate, lorsque l'autre arriva, et lui ravit l'honneur de cette expédition;a


a Plutarque, Vie de Pompée, chap. XXX et suivants.