<207>c'est ce sentiment qui me porte à souhaiter qu'une guerre si pernicieuse finisse. L'espoir que vous me donnez à l'égard de la France me remplit du même contentement que cette espérance vous donne. J'avoue franchement, comme j'ai déjà eu l'honneur de le faire, que la plus grande honte, et de tous les malheurs le plus grand, serait la perte de l'État. L'importance du sujet ne me permet pas de dissimuler mes sentiments lorsque j'ai l'honneur de vous écrire, et j'aime mieux avoir trop de franchise que de voiler ce que j'entrevois sur cet objet, persuadé que tout homme qui vous est attaché pense à ce sujet comme moi. Tout est tranquille ici, et je n'ai rien de nouveau dont je puisse avoir l'honneur de vous entretenir.
Je suis, etc.
79. AU PRINCE HENRI.
Camp de Meissen, 24 mai 1760.
.... Si donc vous voulez bien faire réflexion aux manœuvres de M. Daun, vous conviendrez que voici déjà deux de ses plans de campagne de dérangés, sans qu'il y ait eu de mouvement de ma part, hors celui de votre marche en Silésie, et cela me fait espérer pour l'avenir.
Je pourrais vous appliquer, mon cher frère, ces vers de la Henriade :a
Et son nom, qui du trône est le plus ferme appui,
Semait encor la crainte, et combattait pour lui.
a Chant Ier, v. 147 et 148.