<234>ne soient pas obligés par une diversion à détacher des troupes, car lorsque cette dernière circonstance arrivera, et que d'ailleurs les arrangements seront pris, tout s'agencera de soi-même; mais si l'on n'est pas préparé aux mesures dans les fâcheux événements qu'on prévoit, ils peuvent devenir par là plus nuisibles encore. C'est donc pourquoi je vous prie instamment de me faire part des mesures que vous prendrez, dans la supposition que tout reste dans la situation présente ....
103. AU PRINCE HENRI.
Breslau, 9 janvier 1762.
Mon très-cher frère,
J'ai reçu votre lettre du 5 de ce mois. La question que vous me faites est impossible à répondre; si tout secours venait à nous manquer, malgré l'espérance que nous avons, je vous avoue que je ne vois pas ce qui pourra éloigner ou conjurer notre perte. Cependant, puisque vous voulez que je vous dise ce que je puis imaginer de mieux dans une aussi grande extrémité, ce serait de rassembler toutes nos forces, et d'aller alternativement avec toute cette masse sur le corps des ennemis. Voilà ce qu'il y a de mieux. Cela n'est pas suffisant, et j'entends déjà tous les obstacles et les inconvénients que vous allez m'objecter. Mais pensez-y vous-même; après tout, périr en détail ou périr en masse, n'est-ce pas la même chose? Cependant pourquoi mon avis vaut mieux que le reste, c'est que si avec notre masse on avait bien accablé une des trois armées, on aurait meilleur marché des deux autres, et qu'alors on pourrait se remettre en différentes armées. Pensez-y bien; je ne vois que cela, et ne me confie là-dessus qu'à vous seul. Je suis, etc.