<236>habile tâche de traîner son malade, s'il ne le peut guérir, afin que, lorsqu'il meurt, il ait au moins la consolation que ce soit suivant la règle de Galien et les préceptes d'Hippocrate; et je pense en conséquence que des corps opposés aux ennemis les arrêteraient du moins, et c'est tout ce qu'on peut faire et espérer ....
105. AU PRINCE HENRI.
Breslau, 20 janvier 1762.
Je viens de recevoir votre lettre du 16 de ce mois. Vous savez qu'il y a deux médecins dans Molière, le médecin Tant-pis et le médecin Tant-mieux,a et qu'il est impossible que ces deux-là soient du même sentiment. J'ai un malade à traiter, qui a une fièvre violente; dans un cas désespéré, je lui ordonne de l'émétique, et vous voulez lui donner des anodins. Mais comme nous n'en sommes pas encore à cette extrémité, je vous prie de penser bien sérieusement à tout ce qu'Anhalt vous a dit. Je ne vous parle point de la situation où je me trouve ici, ni de tout ce que j'ai à appréhender. J'espère me soutenir jusqu'au mois de mars, où certainement les choses changeront.
106. AU MÊME.
Breslau, 19 janvier 1762.
Mon cher frère,
Je n'ai pas voulu vous laisser ignorer l'importante nouvelle que je viens de recevoir, dans ce moment, de la mort de l'impératrice de Russie, qui est arrivée le 5 de ce mois.
a Ce n'est pas Molière qui parle des médecins Tant-pis et Tant-mieux, c'est La Fontaine, Fables, liv. V, fable 12, Les Médecins.