123. AU MÊME.
Bettlern, 4 juin 1762.
.... Le margravea est encore mal; il y a quelque espérance de son rétablissement. Son corps est dans un épuisement total pour s'être servi, cet hiver, de remèdes qui ont fait faire à son tempérament des efforts au-dessus de son âge et de sa compétence. Nous avons ici le comte Woronzow, qui va en ambassade en Angleterre; c'est un joli homme; il a vu toute l'Europe, il est modeste, et raisonne bien de tout. Il a été, l'année passée, ministre de sa cour à Vienne, et m'a conté des anecdotes curieuses de cette cour, mais que je ne puis vous écrire; aussi bien serait-ce un almanach de l'an passé, qui ne pourrait servir à l'année courante. Mon neveu commence à s'éveiller; il a beaucoup de douceur, il ne manque point d'esprit; il n'y a qu'une grande timidité qui le rend circonspect. Mais j'espère beaucoup et je me flatte que cette campagne lui fera du bien pour l'esprit et le corps.b
124. AU MÊME.
Bettlern, 28 juin 1762.
.... Tout vient à point à qui peut attendre; un peu de patience, et l'ennemi sera d'une façon ou d'autre obligé à détacher de la Saxe. Les Cosaques sont arrivés avant-hier, et le corps de troupes viendra le 30; et alors tout se mettra en train incessamment. Goltz doit recevoir les Tartares actuellement, et j'attends à chaque moment des nouvelles de là-bas. Ne vous imaginez pas que je puisse fournir par milliers des chevaux, des hommes et des armes; je dois à Berlin trois millions aux livranciers, et j'ai déjà payé, cet hiver, dix-huit cent mille écus pour des chevaux. Il faut que
a Le margrave Charles; il mourut à Breslau le 22 juin.
b Voyez ci-dessus, p. 128, 129 et 277; et ci-dessous, p. 290.