<253>Daun s'est retiré avec toute l'armée à Wartha. Aujourd'hui, s'entend cette nuit, il est parti avec une colonne, prenant de Silberberg par Neurode le chemin de Braunau, l'autre,b celui de la Moravie. Son armée était forte de cinquante-cinq bataillons et de cent treize escadrons.
Vous jugez bien que ce n'est pas nous qui l'avons fait fuir; il faut donc que les nouvelles de la Turquie aient donné lieu à cet événement, qui assurément n'est point dans l'ordre naturel des choses. Peut-être vous apercevrez-vous bientôt de quelque chose d'approchant en Saxe.
131. AU MÊME.
Péterswaldau, 9 septembre 1762.
Mon cher frère,
Notre siége avance de façon qu'il doit finir bientôt; il le serait déjà, si de certains empêchements n'avaient retardé les travaux, comme, par exemple, des sources d'eau qui ont obligé les mineurs à faire de nouveaux rameaux, ce qui nous a fait perdre deux jours. Mais je puis vous dire à présent avec certitude que j'espère de vous dépêcher le 12 un courrier avec la nouvelle de la reddition de la place.a Le maréchal Daun est toujours à Scharfeneck, Loudon à Wüstengiersdorf, et Beck à Wartha.
b Loudon.
a Le 10 septembre 1762, Frédéric écrivit au bas d'un ordre de Cabinet adressé au major Lefebvre, qui faisait les fonctions d'ingénieur en chef au siége de Schweidnitz : « Le 12 sera, selon toutes les apparences, la fin de vos travaux; ce sont deux jours; ils s'écouleront comme les précédents, et vous vous verrez couronné de gloire, le fier Gribeauval à vos genoux, et le bruit de votre gloire retentira jusqu'à Paris, Madrid, Lisbonne et Rome. » Schweidnitz ne capitula que le 9 octobre. Simon Lefebvre, lieutenant-colonel du génie et membre de l'Académie des sciences de Berlin, mourut à Neisse en 1771. Voyez t. V, p. 229 et 230, et t. XIII, p. 61. Voyez aussi les Souvenirs d'un citoyen (par Formey), t. II, p. 142 et suivantes.