133. AU MÊME.
Péterswaldau, 19 septembre 1762.
.... Notre siége ennuie tout le monde, mon cher frère; on me persécute pour en apprendre la fin. Je ne reçois pas une lettre de Berlin qui ne contienne un article sur ce chapitre.a Cependant je n'y sais d'autres moyens que la patience; on fait tout ce qui est possible, mais je ne saurais empêcher l'ennemi de se défendre, et Gribeauval lutte d'habileté contre Lefebvre. Cependant bientôt, bientôt, nous en verrons la fin. Il fait ici un temps du mois de décembre; les saisons sont aussi déréglées que la politique de l'Europe. Finalement, mon cher frère, il faut pousser le temps avec les épaules. Les jours se succèdent, et enfin nous attraperons celui qui mettra fin à nos travaux et à nos peines.
Adieu; je vous embrasse de tout mon cœur.
134. DU PRINCE HENRI.
Freyberg, 29 octobre 1762.
Mon très-cher frère,
C'est un bonheur pour moi de vous apprendre l'agréable nouvelle que votre armée a remporté aujourd'hui un avantage considérable sur l'armée combinée des Autrichiens et de l'Empire. Je suis marché hier au soir; j'ai trouvé l'armée ennemie en marchant par Wegfurth, laissant le Spittelwald à gauche, pour tomber sur la hauteur de Saint-Michel. J'ai fait deux attaques et deux fausses; l'ennemi a fait une résistance opiniâtre, mais la valeur soutenue de vos troupes a prévalu, et après un feu de trois heures, l'ennemi a été obligé de céder partout. J'ignore le nombre des prisonniers, mais cela doit passer les quatre mille; l'armée de l'Empire n'a quasi rien perdu; tout l'effort est tombé
a Voyez t. XIX, p. 381 et suivantes.