153. AU PRINCE HENRI.
(Sans-Souci) ce 12 (mai 1763).
Mon cher frère,
Je vous rends mille grâces de l'abrégé de votre journal que vous avez la bonté de m'envoyer; j'en ferai un usage qui, je me flatte, ne vous sera pas désagréable. Vous me parlez, mon cher frère, de votre voyage de Rheinsberg; il ne dépend que de vous de le faire quand vous le jugerez à propos. C'est à présent réellement le temps où la campagne est la plus belle, où, chaque jour, on voit fleurir et éclore, et les progrès de toutes les productions de la nature qui semblent s'empresser à l'envi pour orner les paysages et la terre qui les nourrit. Je vous en parle avec extase, parce que voici huit jours que je jouis de ce spectacle charmant ici, à Sans-Souci. L'arrivée de ma sœura me rappelle aujourd'hui en ville; il faudra ensuite aller en Poméranie, et puis au pays de Clèves; mais, cela fait, j'espère que pour le reste de l'année je pourrai être tranquille. Je suis avec la plus tendre estime, etc.
154. AU MÊME.
(Berlin, 20 mai 1763.)
Mon cher frère,
J'ai fait payer hier soixante-six mille écus que je devais pour votre palais, de sorte que toute la boiserie intérieure et la grille de fer seront achevées. Le Kriegesrath Westphal a aussi reçu de moi vingt-six mille sept cents écus, dont vous pouvez disposer pour les meubles. Je vous dois encore trois mille trois cents écus, que j'acquitterai vers la Trinité. Je pars dans ce moment pour
a La princesse Amélie, qui se rendait aux bains d'Aix-la-Chapelle.