<292>écrire. Je me porte un peu mieux depuis quelques jours; je compte me faire saigner; les remèdes de Purgon et de Diafoirus, dans le Malade imaginaire, sont les seuls qui peuvent aider, saignée et purgation. J'ai parlé à un médecin de Ruppin, nommé Feldmann, disciple de Boerhaave, chez lequel il a étudié; il m'a dit que vous le connaissiez, et que vous aviez eu, du temps passé, de longs entretiens avec lui. C'est un homme qui traite la médecine sans charlatanerie, et qui convient que les limites en sont très-bornées. Après avoir contenté l'envie que j'ai de me rappeler à votre souvenir, il me reste encore de vous prier d'être assuré que rien n'égale l'attachement avec lequel je suis, etc.

174. DU MÊME.

Rheinsberg, 30 octobre 1763.

J'ai eu l'honneur de vous mander que j'avais remis mon voyage pour Schwedt jusqu'à un autre temps. Les incommodités que je ressens m'empêchent à cette heure de penser à ce voyage. Je veux employer tous mes soins pour fortifier ma santé, afin que, si vous passez la fin de décembre à Berlin, je puisse profiter sans interruption du bonheur de vous faire ma cour.

Si le baron avait toujours eu un grand maître de sa garde-robe comme vous daignez vouloir l'être en ce cas, il aurait été très-bien vêtu pendant sa vie. Je crois pourtant que pour satisfaire à tous ses goûts il faudrait des étoffes de tout pays, et un très-grand fonds pour rendre la garde-robe aussi riche qu'il la voudrait.

Il est bien juste que je vous présente le fruit le plus rare de mon jardin; je n'ose espérer que le goût vous paraîtra assez bon, mais c'est uniquement pour sa singularité que je me donne l'honneur de vous l'offrir. Feu le comte Nealea m'en a donné la plante;


a Stephanus-Laurentius Neale, né à Surinam en 1688, et négociant à Amsterdam, vint s'établir à Berlin en 1750. Il était immensément riche. Frédéric le nomma chambellan et comte. Il mourut à la Haye en 1762.