<299>

181. AU MÊME.

(Potsdam) 12 décembre 1763.



Mon cher frère,

Je vous félicite de votre arrivée à Berlin, où j'espère d'avoir le plaisir de vous voir dans quelques jours. Je compte d'y arriver le 15, où j'ai arrangé les amusements pour le public le mieux que cela s'est trouvé possible dans les circonstances où nous nous trouvons. Je ne doute pas, mon cher frère, que vous ne preniez un peu de l'air turc en arrivant à Berlin, pour être à la mode. Pour moi, ce que je trouve de meilleur à cela, c'est l'alliance; car pour l'ambassade, j'ai le sort de l'arlequin, je ne m'en tire qu'en payant.a J'ai reçu des lettres de ma sœur Amélie, qui me paraissent assez bonnes par rapport à sa santé. Je finis en vous priant d'être persuadé de la tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, etc.

182. AU MÊME.

Potsdam, 18 mars 1764.



Mon cher frère,

Je vous rends grâce de la part que vous prenez à nos alliances.b Je souhaite que tous ces arrangements mènent à bien; mais cependant les affaires en Pologne s'embrouillent de nouveau. Il y a déjà deux nouveaux candidats : un prince Lubomirski et le grand général. Je crains que de fil en aiguille tout cela ne nous mène plus loin que nous avons envie d'aller; car si une fois les choses semblent s'embrouiller d'une certaine manière, alors adieu la paix et la tranquillité publique. Mais tout cela est du dépar-


a Peut-être le Roi fait-il allusion à la scène VIII du premier intermède Au Malade imaginaire, par Molière, où Polichinelle, après avoir été battu, est obligé de payer les archers.

b Voyez t. VI, p. 12 et suivantes, et t. XXIV, p. 66 et 67.