<300>tement des contingents futurs, lesquels il ne nous est pas donné de prévoir.
Je suis charmé, mon cher frère, de l'offre que vous me faites de venir à Berlin; mais comme je pars la nuit du 21 pour la Silésie, je ne pourrais guère en profiter. A mon retour, je ne m'arrêterai pas longtemps à Berlin; mais je reviendrai bientôt ici ....
183. AU MÊME.
(Potsdam) ce 22 (avril 1764).
Mon cher frère,
Je vous félicite du bal que vous avez donné sans danser. Je présume que vous ne vous y serez pas arrêté longtemps, et que vous aurez laissé la place à la jeunesse, qui se plaît à cet exercice. Je ne vous plains point d'être en compagnie avec Bayle; c'est de tous les hommes qui ont vécu celui qui savait tirer le plus grand parti de la dialectique et du raisonnement. Il y a tel ouvrage de lui où il n'y a aucune réponse à faire; il est seulement à regretter qu'il ait trop négligé son style. Il est trop négligé et très-incorrect; mais sa manière rigoureuse d'argumenter récompense le lecteur des désagréments de sa diction. C'est un maître admirable de logique, et qui fait apercevoir, quand on se familiarise à sa dialectique, combien le vulgaire des hommes est inconséquent, raisonne mal, et est susceptible d'être trompé ou de se tromper lui-même. Je vous recommande surtout, mon cher frère, ses Commentaires philosophiques sur les comètes et son Contrains-les d'entrer; ce sont des chefs-d'œuvre de raisonnement, de liaison et de conséquence. Je suis à présent occupé à faire imprimer un Extrait du Dictionnairea qui ne sera composé que de la partie philosophique de l'ouvrage, qui, sans contredit, est la meilleure. L'édition doit s'en faire in-octavo; elle en deviendra à meilleur marché, et pourra par conséquent répandre
a Voyez t. VII, p. V, VI, 123 et 141-147; t. XVIII, p. 283.