187. AU MÊME.
Ce 22 (juin 1766).
Mon cher frère,
La nouvelle toute nouvelle que je vous ai annoncée consiste en une entrevue à laquelle je suis invité par l'Empereur à Torgau. Si vous avez envie d'en être, vous n'avez qu'à venir ici le 25. Je ne crois pas qu'il en résultera grand' chose, sinon un verbiage usé de politesse, auquel les princes sont accoutumés sans y ajouter foi. Lacy est de ce voyage, et un certain comte Dietrichstein que vous avez vu à Berlin à son retour de Danemark, où il avait été en qualité de ministre. Voilà, mon cher frère, ce que je puis vous mander de plus intéressant pour ce temps-ci, en vous priant d'être persuadé de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.
188. AU MÊME.
Le 24 juillet 1766.
Mon très-cher frère,
Votre souvenir m'est toujours agréable et précieux. Comme vous me parlez, mon cher frère, de l'entrevue manquée avec l'Empereur,a je puis vous informer à présent exactement de ce qui y a donné lieu. La mère et Kaunitz, qui le connaissent, savent l'aversion naturelle que ce jeune prince a pour les Français; ils ont appréhendé qu'il ne s'échappât en propos vis-à-vis de moi, et que cela pût troubler leur union avec la cour de Versailles; et, afin d'éviter tout ce qui pourrait donner de la jalousie à leurs alliés, l'Impératrice a écrit à son fils de hâter son voyage, de ne s'arrêter nulle part, et d'accélérer son retour. Je sais que l'Empereur a dit au comte Colloredo qu'il avait sacrifié cette entrevue à la volonté de sa mère, mais qu'il en conservait le projet pour l'exécuter une autre fois.
a Voyez t. VI, p. 18, et t. XXIV, p. 127 et suivantes.