<334>Je m'étonne de cette lenteur qu'on marque pour les affaires de la Pologne. Dans le fond, on cède sur tous les articles innovés à la dernière diète, et l'on s'en tient à conserver le Roi, comme de raison; cela est si modéré et si raisonnable, que personne n'y peut trouver à redire. Si l'on m'envoie un plan, je tâcherai de le faire valoir à la cour de Vienne de mon mieux; mais je ne dois pas vous dissimuler que la France a gagné là-bas du terrain depuis mon retour, et que ce Durand qui se trouve envoyé là-bas intrigue sans cesse avec les confédérés. Si les Russes passaient le Rubicon, il n'y aurait plus moyen d'arrêter les Autrichiens, et vous pouvez compter qu'une guerre générale s'ensuivrait infailliblement. Ayez la bonté de faire valoir là-bas les mortiers et les munitions de guerre que j'ai prêtés à Drewitza pour mettre les confédérés à la raison. Je suis, etc.
217. AU MÊME.
Le 12 novembre 1770.
Mon cher frère,
Il y a sans doute une distance immense qui nous sépare, et qui empêche, mon cher frère, qu'une correspondance si lointaine puisse être bien régulière. Il faut six semaines pour avoir des réponses; cela fait un grand tort à la correspondance, sans compter la lenteur de l'arrivée des nouvelles, et les changements qui, pendant cet intervalle, arrivent ailleurs dans le monde. Mais ce qui m'intéresse principalement, c'est votre santé, et je me réjouis infiniment qu'elle triomphe des fatigues du voyage et des rigueurs du climat. On ne peut sans doute pousser les attentions plus loin, mon cher frère, que l'impératrice de Russie daigne les avoir pour vous. Elle a daigné vous pourvoir de magnifiques pelisses; c'est assurément aussi obligeant que possible; mais si elle pense à tout, il ne faut pas s'en étonner, car, du grand jus-
a Colonel russe, commandant un corps en Pologne. Voyez t. XIV, p. 231.