<343>lait, pour des subsides qui sont de l'argent jeté dans la rivière. Je souhaite, mon cher frère, que je devine mal, mais je crains que ces gens-là n'aient leur système tout arrangé, et qu'ils tâcheront de vous tenir le bec à l'eau le plus longtemps qu'ils le pourront. D'ailleurs, je fais mille vœux pour que cet affreux climat ne porte aucun préjudice à votre santé. Je suis, etc.
225. AU MÊME.
Potsdam, 19 décembre 1770.
Tout ce que nous devons désirer le plus, c'est que la paix se fasse au plus tôt entre la Russie et la Porte. Je vois bien que les Turcs ne la feront que par les médiateurs qu'ils ont proposés; ainsi c'est à savoir si la Russie les acceptera, ou non. Si elle les accepte, je crois bien qu'il y aura quelques difficultés que la cour de Vienne fera pour rogner aux Russes quelques avantages; mais le besoin de rétablir la paix dans leur voisinage l'emportera par-dessus l'humeur à laquelle le prince Kaunitz est un peu sujet. Je ne puis pas répondre corps pour corps pour ces gens-là; souvent les insinuations de la France prévalent sur les véritables intérêts de la cour de Vienne. Cette cour m'a répondu à la communication de la première pièce russe, touchant la médiation, qu'on se moquait d'eux; je n'ai pas pu vous envoyer cette réponse, car elle n'était pas édifiante. Pour les ordres, je vous abandonne entièrement, mon cher frère, l'usage que vous trouverez à propos d'en faire. Je suis, grâce à Dieu, à cent quatre-vingts milles de Pétersbourg, et je ne puis pas juger comme vous de ce qui est convenable ou non. Je crois que l'ordre pour le grand-duc n'essuiera aucune difficulté; pour les deux autres, on pourrait les donner à l'occasion de la paix, sinon, les garder plus longtemps. J'approuverai tout ce que vous ferez sur cet article, ainsi que votre voyage à Moscou, car je sens très-bien que ce n'est qu'à force de complaisances qu'on réussit dans ce pays. Dès