<345>communiquée comme je l'avais reçue. Rohda ne m'a pas encore répondu sur le projet de pacification de la Pologne, contre lequel on ne trouvera rien à dire; mais pour ce projet-ci, je me garderai bien de le communiquer à Vienne, ni à Constantinople, parce qu'il serait équivalent à une déclaration de guerre. Ainsi, mon cher frère, si on ne change et modère pas beaucoup de choses, je renonce à toute médiation, et abandonne ces messieurs à leur propre fortune. Je suis bien fâché que cela tourne ainsi tandis que vous vous trouvez dans ce pays; mais, mon cher frère, il ne vous reste qu'à faire une retraite honnête, car il n'y a plus rien à faire ni même à espérer avec ces gens.

227. DU PRINCE HENRI.

Saint-Pétersbourg, 8 janvier 1771.

.... Après avoir achevé cette lettre, j'ai été le soir chez l'Impératrice, qui me disait en badinant que les Autrichiens s'étaient emparés en Pologne de deux starosties, et qu'ils avaient arboré sur les frontières de ces starosties les armes impériales. Elle ajouta : « Mais pourquoi tout le monde ne prendrait-il pas aussi? » Je répliquai que, quoique vous aviez, mon très-cher frère, un cordon tiré en Pologne, cependant vous n'aviez pas occupé de starosties. « Mais, dit l'Impératrice en riant, pourquoi n'en pas occuper? » Un moment après, le comte Czernichew m'approcha, et me parla sur le même sujet, en ajoutant : « Mais pourquoi ne pas s'emparer de l'évêché de Varmie? Car il faut, après tout, que chacun ait quelque chose. » Quoique cela n'était qu'un discours de plaisanterie, il est certain que cela n'était pas pour rien, et je ne doute pas qu'il sera très-possible que vous profitiez de cette occasion. Demain le comte Panin viendra chez moi. Je lui


a Jacques-Frédéric de Rohd, né dans la province de Prusse, et envoyé extraordinaire à la cour de Vienne de 1763 à 1771.