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257. AU MÊME.

Le 17 septembre 1775.

.... Vous dites, mon cher frère, que les Autrichiens s'empareront de la Bavière. J'en conviens, personne ne peut les en empêcher; ce pays est trop dans leur voisinage, et en moins de quinze jours ils l'auront totalement subjugué. Vous voyez d'ailleurs, mon cher frère, que si nous, les Russes et les Anglais veulent entamer la maison d'Autriche, il faut l'attaquer ailleurs qu'en Bavière; il n'y aurait que la France qui pourrait se promettre des succès en agissant de ce côté-là. Pour former une ligue contre l'Empereur, il faut que la Russie soit aigrie contre lui, que les princes d'Allemagne craignent son despotisme, et que la France ou l'Angleterre croient qu'il est de leur intérêt de s'opposer au débordement d'ambition d'un jeune monarque prêt à tout engloutir. Si ces puissances n'en sentent pas les suites, l'art et la politique les lieront peut-être pour un moment; mais bientôt ces intérêts faiblement sentis refroidiront et sépareront les alliés; peut-être même la cour de Vienne pourra-t-elle engager quelques-uns d'eux à devenir ses partisans. Voici, selon moi, la tournure qu'il faudrait donner à cette affaire pour en espérer une réussite heureuse. Il faudrait que l'Électeur palatin et les Deux-Ponts se plaignissent des desseins pernicieux de la cour de Vienne, et qu'ils engageassent toutes les puissances à s'unir à eux pour leur juste défense; alors nous pourrions nous mettre de la partie comme auxiliaires, et alors les autres puissances se joindraient, soit l'une, soit l'autre, et une pareille alliance imposerait assez à la cour de Vienne pour la faire désister de ses projets. On me mande que l'électrice de Saxe veut absolument venir ici, ce qui me donnera lieu, mon cher frère, de m'étendre encore davantage sur ce sujet.