<388>çais leur apprêteront à rire par les ridicules questions qu'ils leur feront au sujet des Russes. Mais peu importe. Je souhaite, mon cher frère, que vous vous portiez bien, et que vous jouissiez tranquillement à Rheinsberg des restes de la belle saison, étant avec toute la considération, etc.
273. AU MÊME.
Le 3 décembre 1776.
Mon très-cher frère,
La confiance que j'ai, mon cher frère, en vos lumières m'a rassuré des appréhensions que Solms m'avait données. Cependant je vous avoue que je ne me fie pas beaucoup à la politique russe, assujettie à l'esprit léger et peu conséquent de cette nation. Leur monarchie est si puissante, qu'elle n'a besoin d'aucun allié, et que c'est plutôt par air de grandeur qu'ils entrent en liaison avec d'autres peuples que pour leur défense. Cela fait qu'ils seront toujours recherchés, et ne feront des avances envers personne. Repnina est de retour à Pétersbourg. Autant que j'en apprends, la cour n'est pas trop contente de lui, parce qu'il n'a rien terminé à la Porte; mais la Porte est si épuisée et si peu en état d'agir à présent, qu'elle a emprunté neuf cent mille piastres pour avoir de quoi payer les janissaires, ce qui est sans exemple depuis la fondation de cette monarchie. J'ai envoyé ces nouvelles à Pétersbourg, telles que je les ai reçues de Pétersbourg,b pour rassurer l'Impératrice.
On commence déjà à parler à Paris des desseins que l'Empereur forme contre nous. Ainsi vous voyez, mon cher frère, que je reçois de tous les côtés la confirmation de l'orage qui s'élève contre nous; mais je n'ai point peur, au contraire, grande envie de donner bien dru sur les oreilles des plus perfides des
a Voyez t. VI, p. 133.
b Il faut évidemment lire de Constantinople.