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298. AU PRINCE HENRI.

Ce 30 (mars 1778).



Mon cher frère,

Vous aurez l'auditeur, le prévôt, le bourreau et tout ce qu'il faut pour la haute justice; et s'il y a encore quelques bagatelles, on pourra les arranger promptement. Je donne ici les listes des marches des troupes à Pfau,a pour qu'on sache chaque jour où elles sont, en cas que vous ayez à leur donner des ordres en marche. Quant aux affaires étrangères, je commence à croire, mon cher frère, que nous aurons la France. Les Autrichiens ont menacé l'Électeur palatin que s'il ne leur donnait pas ses troupes, on traiterait en ennemi ses possessions du Rhin. Vous voyez par là qu'ils en veulent à Wésel. Il y a encore quelques bagatelles à régler avec l'électeur de Saxe, et tout sera fini. J'avoue, mon cher frère, que je m'étonne des sombres réflexions que vous faites dans un temps où je ne vois pas ce que nous avons à craindre. L'homme est fait pour agir;a et comment agirons-nous jamais plus utilement qu'en brisant le joug tyrannique que les Autrichiens veulent imposer à l'Allemagne? Dans des occasions comme celle-ci, il faut s'oublier soi-même et ne penser qu'au bien de la patrie, et ne se point flatter de choses qui ne sont plus possibles, comme de la paix. Je suis, etc.


a Théodore-Philippe de Pfau, né en 1727 à Francfort-sur-le-Main, fit, avec l'armée russe, les campagnes de 1769 et de 1770 contre les Turcs (voyez t. XXIII, p. 193). En 1778, il était quartier-maître dans l'armée du prince Henri. Promu au grade de général-major en 1789, il fut tué près de Tripstadt, le 13 juillet 1794, dans la guerre contre les Français.

a Voyez t. X, p. 110; t. XXI, p. 184; t. XXII, p. 206; t. XXIV, p. 145 et 596; t. XXV, p. 288.