<421>à présent que ce n'est point être l'agresseur que d'envahir la Bavière, sur laquelle il n'a aucun droit, mais qu'il n'est question que de commettre les premières hostilités. Ce faux et vicieux raisonnement me donnera, comme je l'espère, le temps d'achever tranquillement mes arrangements, tant ici qu'à Berlin. Mes lettres de Russie sont très-bonnes, et j'espère qu'ils s'accommoderont avec les Turcs. Les Français assemblent deux corps de troupes, l'un auprès de Viset, et l'autre auprès de Strasbourg; les Autrichiens en sentent beaucoup d'inquiétude, et je vois que c'est pour parler aveca et montrer les grosses dents à l'Empereur lorsque nous entrerons en action, afin de l'obliger d'autant plus vite à entrer en accommodement. En attendant, nous barbouillons du papier que c'est merveille. Quand l'encre sera épuisée, la poudre aura son tour, et celle-là décidera de tout ceci plus vite que les plumes les mieux acérées.b Je suis, etc.
306. AU MÊME.
Schönwalde, 16 avril 1778.
Mon très-cher frère,
Je suis au désespoir des sottes difficultés que les magasiniers vous font; je leur écris aujourd'hui une bonne lettre. Il n'y a rien qui empêche les magasins de remonter l'Elbe vers Dresde, et pourvu, mon cher frère, que vous ayez du fourrage pour un mois, cela est suffisant; c'est pour le mois de mai, après lequel vous pourrez fourrager. Voici à présent l'assiette des choses. Finck vous aura montré la lettre que l'Empereur m'a écrite, et les impertinentes propositions qu'on me fait, ainsi que ma réponse.a L'Empereur est aujourd'hui à Troppau .... Voilà, mon cher frère, ce qui peut arriver de plus prématuré; cepen-
a Ce passage est fidèlement copié sur l'autographe.
b Voyez t. XI, p. 134, et t. XXIV, p. 120.
a Voyez t. VI, p. 205-207, et 208-210.