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317. AU PRINCE HENRI.

Camp de Welsdorf, près de Jaromircz,
10 juillet 1778.



Mon très-cher frère,

Je suis venu avec une grosse avant-garde me planter vis-à-vis de l'Empereur, qui, comme Lacy et le prince Albert, se trouve dans le camp de Jaromircz. Ce camp s'étend de Jaromircz au delà d'Arnau. J'ai examiné tous les endroits où j'avais espéré de pouvoir passer, mais j'en ai reconnu l'impossibilité, dont la principale consiste dans des défilés où jamais nous ne pourrions traîner l'artillerie avec nous. Je sais que tout le corps de l'Empereur, celui d'Ellrichshausen, et le corps du prince Albert, se trouvent vis-à-vis de moi. Des déserteurs, des prisonniers et des paysans font également cette déposition, de sorte que, vu l'impossibilité de rien faire de décisif de ce côté, j'ai résolu d'envoyer le Prince héréditaire, à la tête d'un gros corps, en Moravie, pour y faire une diversion qui oblige l'ennemi de détacher de ce côté-là. En ce cas, je détacherai à mesure de l'ennemi, et j'espère d'y attirer tous ces gens-ci; et comme ils n'auront pas le temps de se fortifier là-bas comme ils l'ont eu ici, j'espère qu'une occasion assez favorable pourra se présenter pour que nous gagnions quelque avantage sur eux. Il n'y a que Loudon contre la Saxe.

NB. L'Électeur palatin se repent de ses sottises, et, selon ce qu'on me mande, protestera contre tout ce qui s'est passé; ni plus ni moins, le droit canon décidera de tout ceci. Je suis, etc.