330. AU MÊME.
Camp de Lauterwasser, 29 août 1778.
Mon très-cher frère,
Pour vous faire une idée des difficultés que je rencontre ici, je vous envoie le plan de notre camp et de la position des ennemis. Comme j'ai fait la première reconnaissance, toutes les troupes sur le Fingerberg et le Wachuraberg, ainsi que celles sur la hauteur de Schreibendorf, n'y étaient point. Sur cela je fis ma disposition pour les attaquer, et je me portai en avant; mais mon artillerie n'a pu me suivre; elle a été trois jours en marche pour passer les défilés de Wildschütz, Silberstein, Mohren et Hermannseiffen. Pendant ce temps, l'ennemi a rectifié et fortifié sa position, telle que vous la trouverez dans le plan ci-joint. Je crois qu'à présent vous ne me condamnerez pas, si vous me voyez réduit à l'inaction. S'il y a moyen de faire quelque petit coup, vous ne douterez pas un moment de ma volonté, ni de mon activité; mais j'ai bien lieu d'appréhender que je ne pourrai faire quelque chose de décisif. L'on m'écrit de Varsovie qu'un gros corps de Russes s'avance vers l'Ukraine et vers la Lodomérie. Si l'Impératrice persiste à remplir ses promesses, les bras nous deviendront plus libres. Mais je crois que, en attendant, vous ne pourrez rien faire de plus utile que de fourrager radicalement toute la partie de la Bohême qui avoisine à la Lusace, et ensuite, ayant passé l'Elbe, d'en faire autant au cercle de Saatz, et à tout ce qui est à sept ou huit milles des frontières de la Saxe. Alors adieu les incursions des ennemis; ils auront même de la peine à entretenir de petits corps pendant l'hiver dans votre voisinage, et c'est autant de gagné pour avoir des quartiers paisibles. L'argent commence à devenir rare à Vienne; si les espèces diminuent, et que les Russes avancent, cela rendra madame Thérèse pacifique. Le César Joseph a la foire comme nous.
Dans ce moment, je reçois votre lettre du 27, mon cher frère. Je ne saurais que vous répéter ce que je vous ai déjà dit : 1o que je compte couler à fond le mois de septembre en Bohême; 2o que