<446>je ne ferai de détachements en Moravie qu'à bonnes enseignes, en octobre; 3o que si vous vous en voulez donner la peine, vous pourrez fourrager du côté de Reichenberg, et enlever aux Autrichiens toutes les subsistances qui pourraient leur donner les moyens de faire une diversion en Lusace; 4o que je crois absolument nécessaire que, après avoir mis à sec toutes les frontières de la Lusace, vous consommiez également les cercles de Saatz et de Leitmeritz; 5o que si la diversion des Russes se fait, comme on m'en donne toutes espérances, vous pourrez même soutenir, l'hiver, un corps en Bohême; 6o que vingt-cinq mille hommes en Lusace sont plus que suffisants pour empêcher toutes les entreprises des ennemis de ce côté-là, faute de vivres; 7o et enfin, qu'une diversion des Russes nous dégagera au moins de trente mille hommes des ennemis. Ce sont des choses importantes, et les seuls partis que nous puissions prendre sensément dans les circonstances présentes. Comptez surtout que, si même vous étiez obligé de quitter la Bohême, votre retraite par Péterswalde et le Basberg vous est sûre et indisputable, au lieu que celle de Gabel peut être précaire et dangereuse. J'ajoute encore que, à peine vous aurez passé l'Elbe, que Loudon ou Lichtenstein se camperont devant Prague. Quant au passage de Leitmeritz, vous vous souviendrez qu'en 1758 nous avons fait cette retraite sans qu'on ait pu nous entamer.a Vous pouvez préparer des retranchements pour votre arrière-garde, et assurer sa retraite par des batteries qui peuvent se placer au delà de l'Elbe; on peut décamper la nuit. Enfin il faut vouloir se complaire en difficultés pour en trouver là. Je suis, etc.

Je ne saurais rien vous marquer d'ici, mon cher frère, sinon que le temps qu'il fait ne peut être comparable qu'à celui que nous avons à Berlin au commencement de novembre.


a Frédéric parle probablement de sa retraite du mois de juillet 1757. Voyez t. IV, p. 153 et 154.