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333. DU PRINCE HENRI.

Camp de Niemes, 7 août (septembre) 1778.



Mon très-cher frère,

J'ai l'honneur de vous rendre compte, mon très-cher frère, de deux événements qui se sont passés ici, lesquels, quoique peu intéressants pour le succès de la guerre, le sont infiniment pour la réputation et l'honneur des troupes. Nous avons un poste avancé; c'est une haute montagne au milieu du bois, dont elle est couverte, mais couronnée par un vieux château entouré d'une muraille crénelée et fort épaisse. J'y ai placé un officier et quarante hommes, que j'ai augmentés de dix hommes depuis l'affaire dont je vais vous rendre compte. Il faut, pour l'intelligence de ce poste, que j'ajoute qu'il nous sert pour découvrir toute la position de l'ennemi, qui n'est d'ailleurs pas aisée à connaître par son front, à cause des bois qui s'étendent d'ici jusqu'au bord de l'Iser, vers Bakofen et Münchengratz. Ce poste donc fut assailli la nuit du 3 au 4 par l'ennemi; six cents hommes, sous les ordres du colonel comte d'Aspremont, commencèrent l'attaque à deux heures du matin; ils posèrent les échelles, tâchèrent d'y monter, mais ont toujours été vaillamment repoussés. L'ennemi a laissé toutes ses échelles en arrière; on a trouvé quarante bonnets, et six morts et un blessé; les autres morts et blessés ont été remportés par l'ennemi. Les gens des villages ont assuré à nos patrouilles qu'ils ont deux cents hommes tués et blessés. C'est le lieutenant Billerbeck, du régiment de Wunsch, qui s'est si vaillamment défendu pendant trois heures qu'a duré l'attaque. Nous avons eu un homme dangereusement blessé, et six hommes effleurés par des contusions. J'ai fait venir l'officier à l'ordre, et lui ai fait des compliments publiquement, en présence de tous les officiers. Il a dîné chez moi; je lui ai fait donner deux cents écus, et j'ai ajouté que je vous 1'annoncerais, dans l'espérance que vous auriez la grâce, mon très-cher frère, de lui accorder quelque distinction, et j'ai fait distribuer une gratification aux soldats. Ils