<466>suivi presque un demi-mille. Voilà, en vérité, tout ce que je puis vous marquer d'ici. D'ailleurs, les affaires ne me manquent pas, et ma soi-disant indépendancec ne me garantit point d'un travail qui commence à la pointe du jour, et ne se termine qu'à six heures du soir, que les lettres cessent d'arriver. Il y a quelque société ici, que je ne vois que de loin à loin, et voilà tout ce que Breslau me fournit. C'est en vous assurant, mon cher frère, de mon estime et de ma tendresse que je vous prie de me croire, etc.

351. DU PRINCE HENRI.

Dresde, 3 décembre 1778.



Mon très-cher frère,

Plus occupé du désir de vous servir et de l'ardeur de vous être utile, mon très-cher frère, je n'ai point consulté mes propres forces en prenant le commandement de l'armée dont vous avez bien voulu me charger. J'ai cru que j'étais en état de remplir dans toute son étendue le poste que vous m'aviez confié. Quoique la campagne qui s'est terminée ait été assez fatigante, elle n'a pourtant point été des plus rudes, et sa durée a été courte; cependant il m'est impossible de vous dépeindre tout ce que j'ai souffert et de corps, et d'esprit, ni tous les efforts qu'il m'a fallu faire pour la supporter et pour la terminer. Je n'ai point de maladie formelle, et je mentirais, si je le disais; mais ma constitution est si affaiblie, mes nerfs sont tellement ébranlés, que je ne l'aurais pas cru moi-même, si je n'en avais fait la fâcheuse épreuve. Cela m'a empêché même de me porter aussi souvent que je l'aurais désiré aux lieux où je voulais être. J'ai eu mes


c Ces derniers mots font allusion au passage suivant d'une lettre inédite du prince Henri à Frédéric, Gross-Sedlitz, 12 novembre 1778 : « Je ne suis nullement surpris que vous trouviez de grandes occupations à Breslau; c'est l'apanage de la royauté, laquelle sans doute a ses peines, qui sont couvertes par la gloire, la richesse et l'indépendance. »