<473>sarder quelquefois à la guerre; mais il faut ôter à ce hasard tout ce qu'on peut par la prudence, et, dans la position où se trouve à présent mon armée, si une partie ne veut rien faire du tout, elle donne à l'ennemi le moyen de rassembler des forces supérieures pour opprimer l'autre corps. Voilà mes principes, conformes à ceux de tous les vieux généraux de l'antiquité. Il faut agir, mon cher frère; l'on ne sera pas toujours heureux; mais à la longue, en imitant les Condé, les Turenne, les Eugène, on doit sûrement se promettre plus de succès qu'en suivant l'exemple du duc de Cumberland, qui, entassant retraite sur retraite, s'accula à la fin à Stade, prêt à signer un traité à jamais honteux avec le duc de Richelieu.a La guerre et la mollesse ne vont pas ensemble; mais quiconque n'entreprend rien après avoir bien réfléchi à sa besogne ne sera jamais qu'un pauvre sire. Voilà ce que nous dit l'expérience et l'histoire de toutes les guerres. C'est un grand jeu de hasard, où celui qui calcule le mieux gagne à la longue. Cette matière est inépuisable; elle fournirait matière à barbouiller des volumes in-folio, et l'on manquerait plutôt de papier que de sujets de raisonnements. Le temps est très-doux ici. Les ruisseaux sont, à la vérité, devenus des torrents; mais la bonne volonté vainc tous les obstacles. Quand je saurai des nouvelles plus importantes, je ne manquerai pas de vous les communiquer, étant, etc.

358. AU MÊME.

Silberberg, 14 février 1779.



Mon très-cher frère,

Je m'en rapporte au chiffre quant aux nouvelles politiques, et pour d'autres nouvelles, mon cher frère, je n'en ai aucune aujourd'hui qui mérite de vous être mandée. Silberberg est un si petit théâtre, qu'à peine arrive-t-il tous les vingt ans une chose


a Voyez t. IV, p. 130 et suivantes, 162, 163 et 201.