<474>digne d'être sue dans le voisinage. Je m'amuse quelquefois avec le général Kamensky, dont la vivacité est digne d'un habitant de la Provence. Hier j'ai fait pour la Russie la conquête de la Perse, et j'ai déclaré le petit général vice-roi de cette nouvelle conquête. Je l'ai établi avec sa cour et un million de revenus à Ispahan. Il a fort goûté ce projet, et je crois qu'il est tout occupé pour se styler à ce bel emploi et pour régler les dépenses. Cela l'a rendu heureux durant la séance de la table, et ce rêve agréable l'a occupé pendant toute la nuit. Vous voyez, mon cher frère, qu'il faut être entreprenant, ou que l'on ne conquerra jamais des Perses, ni des Mogols. Souffrez que je m'arrête en si beau chemin, pour barbouiller un tas de sottises ennuyeuses et désagréables. C'est donc en vous embrassant que je vous prie de me croire avec une parfaite tendresse, etc.
359. AU MÊME.
Silberberg, 27 février 1779.
Mon très-cher frère,
Je n'ai pas douté, mon cher frère, de la part que vous prendriez à la fin de celte guerre. Il n'y a rien de fort glorieux dans ceci. Nous n'avons eu aucun avantage marqué sur l'ennemi qui pût l'humilier, et l'on m'assure que l'Empereur, fâché de rendre ses usurpations en Bavière, nous en garde le désir de s'en venger à la première occasion; ainsi il faut plutôt regarder l'accord qui va se faire comme une trêve que comme une paix durable et sûre. Ces négociations n'empêchent pas le héros Wurmser de faire le spadassin ici, dans le voisinage. Il voudrait me donner l'alarme. Il aura sur les doigts, si sa présomption l'enhardit. Mais je ne précipite rien. En Haute-Silésie, il y a eu des dragons et hussards ennemis de pris par nos embuscades; mais tous ces succès sont si minces, que ce n'est pas la peine d'en parler. Je vous