<488>des manufactures et quelques branches de commerce qui vont assez bien; cependant, en tirant la balance générale du commerce, elle ne nous est pas aussi avantageuse qu'on pourrait le croire, parce que la somme des importations est assez forte.a Ainsi nous n'avons pas lieu d'appréhender que le luxe nous pervertisse de sitôt, si ce n'est, par-ci par-là, quelque gentilhomme qui par de folles dépenses ruine sa famille; mais cela arrive partout, et cela ne tire pas à conséquence. Nous devons nous souvenir souvent de ce vers d'Horace :
Qui vit content de peu possède toute chose,bIl faut chercher son bonheur dans soi-même, et non pas dans les choses externes, qui ne dépendent pas de nous. En pensant ainsi, mon cher frère, on végète doucement jusqu'au moment où la figure du monde disparaît pour toujours de devant nos yeux.
J'ai eu, ces jours passés, une colique hémorroïdale de toute force, et hier les hémorroïdes ont percé, ce qui ne m'est pas arrivé de cinq ans. Je ne devrais pas vous mander ces bagatelles, qui ne méritent guère votre attention, si ce n'est, mon cher frère, que je connais l'amitié que vous avez pour moi. Je vous prie de me la conserver, et d'être persuadé du tendre attachement et de l'estime avec laquelle je suis, etc.
370. AU MÊME.
Le 22 décembre 1781.
Mon très-cher frère,
Vous avez bien de la bonté de prendre part aux misères de ma santé, dont je vous ai fait l'exposition; ce sont des choses indiffé-
a Voyez t. IX, p. 212 et 213.
b Ce vers n'est pas d'Horace; mais il exprime fort bien certaines idées morales de ce poëte. Voyez par exemple Odes, liv. II, ode 16, v. 13 et 14 : Vivitur parvo bene, etc. : liv. III, ode 16, v. 17 et suivants; et le livre des Épodes, ode 2 : Beatus ille, etc.