<498>première loi, qu'aucun souverain ne doit enfreindre. Il y avait quelques lueurs qui donnaient l'espérance d'une paix prochaine; mais ces espérances flatteuses semblent se dissiper, et il paraît bien que le dieu Mars, pour ruiner les plus grandes puissances de l'Europe, les excitera à continuer à se battre encore l'année prochaine. Le prince de Guémené a donné en France l'exemple d'une célèbre banqueroute.a Gare qu'il ne soit imité par le Roi son maître, par le roi d'Espagne, et enfin par Sa Majesté Britannique.b Nous autres petits drôles, nous ne sommes pas assez grands seigneurs pour immortaliser nos noms par de célèbres faillites; c'est un privilége réservé aux grandes puissances. Voilà le mauvais temps d'arrivé; je suis presque enneigé ici, et forcé à prendre les quartiers d'hiver. Les saisons se succèdent, les mauvaises suivent les bonnes, et voilà trois mois de frimas qui nous attendent. Les saisons se renouvellent, il est vrai, mais les hommes pas. Je vous embrasse, mon cher frère, en vous assurant du tendre attachement et de l'estime avec laquelle je suis, etc.
375. AU MÊME.
Le 16 novembre 1782.
.... Je vous ai dit, mon cher frère, que j'envisageais le prince de Guémené comme le précurseur des banqueroutes que Louis XVI et George III pourraient bien faire à son exemple. La princesse Guémené a reçu une pension de cent mille livres, pour récompenser son époux du bel exemple qu'il a donné. Cartouche, dans ce siècle-ci, deviendrait duc et pair; les grands se croient au-dessus des lois; ils foulent aux pieds les mœurs, et ne soutiennent leur rang qu'à force de se surpasser en scélératesse. Ce prince Guémené va voyager en Italie avec son illustre compagnon le duc de Chartres, pour promener leur ignominie dans les pays étran-
a Voyez t. XXV, p. 268 et 274.
b L. c., p. 271.