<503>vous jouissiez d'une parfaite santé, et que vous daigniez me croire avec autant de tendresse que d'estime, etc.
380. DU PRINCE HENRI.
Wittenberg, 1er juillet 1784.
Mon très-cher frère,
En partant hier à minuit de Friedrichsfelde, je reçus la lettre que vous avez daigné me répondre, et je saisis le premier moment de mon arrivée dans cette ville pour vous répondre et vous remercier, mon très-cher frère, de l'ananas que vous avez bien voulu m'envoyer. La circonspection m'oblige à me taire sur le principal sujet de votre lettre; je crois cependant pouvoir sans conséquence vous dire, mon très-cher frère, que lorsqu'on a le malheur de perdre tous ses amis, et qu'il n'y a point d'apparence de les recouvrer, il me semble que, s'il en reste un, il y a plus d'apparence d'en former un nouveau, que l'on l'obtient à la fin, puisque cette union d'amitié est fondée sur la nature des choses. Je n'ose point m'expliquer plus clairement; je prends cependant la liberté d'ajouter que, en persévérant dans l'idée d'obtenir cette amitié qu'il vous paraît si difficile d'obtenir, on l'obtiendra au moins, et c'est la seule espérance, puisque, à parler franchement, je n'en vois point d'autre.
J'ai passé Kloster Zinna et Luckenwalde, où j'ai admiré les beaux établissements que vous avez fait faire, mon très-cher frère.
Je suivrai exactement ce que vous me mandez, mon très-cher frère, à l'égard de mon voyage de Lyon; j'espère, au surplus, que vous daignerez me faire parvenir vos lettres pendant que je resterai en Suisse; à Lausanne ou Genève je pourrais le plus sûrement les recevoir, si vous daignez m'en honorer.
Je vous supplie d'agréer les assurances du tendre et respectueux attachement avec lequel je suis, etc.