<510>colie; elle ne fait rien, toutes les affaires sont en paralysie. Selon toutes les apparences, cela causera une révolution dans sa façon de penser, et peut-être le Grand Seigneur devra sa conservation à la mort de Lanskoi. Si la France s'énonçait d'un ton ferme, elle accommoderait bien vite les brouilleries de l'Empereur et des Hollandais; mais vous ne verrez dans le pays où vous êtes que les vestiges de la grandeur passée dont la France a joui sous le règne de Louis XIV.
P. S. On envoie chasser Louis XVI pour le soustraire à votre pénétration, et par ménagement pour la cour de Vienne.
389. AU MÊME.
Le 10 octobre 1784.
Mon très-cher frère,
Je ne vous ai point parlé de ma personne, mon cher frère, parce qu'un homme est un misérable individu en comparaison de l'espèce, et que c'est peu de chose dans l'Europe qu'un vieillard souffre des fatigues, ou qu'il les expédie lestement. J'ai fait ma tournée accoutumée; il m'en a plus coûté qu'à l'âge de quarante ans; mais enfin il ne faut pas se refuser aux devoirs de sa charge, mais tâcher de les remplir le moins mal que possible. Nous avons eu ici M. de Bouille, qui est un homme de mérite, parce qu'il a su allier au mérite d'un bon militaire tout le désintéressement d'un philosophe; et quand on est assez heureux de rencontrer des hommes pareils, il faut en tenir compte à toute l'humanité, parce que la vertu est rare, et que d'honnêtes gens ne sauraient qu'en relever le mérite. A présent tous nos étrangers ont disparu à la fin de nos manœuvres, et je vis retiré dans ma retraite philosophique. Je ne connais tous les gens de lettres dont vous me parlez que par réputation. M. de Condorcet est un élève de d'Alembert; il est à croire qu'il suivra les préceptes de son insti-