<518>et obliger la France, pour éviter la guerre, à consentir à ce troc? Je ne dis pas, mon cher frère, que mes soupçons soient des réalités; toutefois il s'y trouve de la vraisemblence, d'autant plus qu'on endort la France, et que, selon mes lettres d'aujourd'hui, on se flatte à Versailles de faire désister l'Empereur de ses vastes desseins. Je travaille à présent à former une ligue dans l'Empire de ce qu'on pourra réunir de princes, pour nous opposer unanimement à l'ambition démesurée du César d'Autriche, au cas que la France ne parvienne point à calmer la fougue de ses injustes entreprises. Par tout ce qui m'en revient, il paraît que les projets d'acquisitions que ce prince avait formés sur la Hollande ne servaient que d'avant-propos pour entamer plus sérieusement cette affaire du partage dont maintenant il est question. Nous sommes maintenant au fort de la crise, et ce ne sera tout au plus qu'à la fin de mars que ce chaos se débrouillera. Je vous avoue, mon cher frère, que ma vieillesse s'accommode très-mal de ces agitations perpétuelles que le turbulent Joseph imprime aux affaires politiques de l'Europe; déjà plus qu'à moitié hors du monde, il faut que je redouble de prudence et d'activité, et que j'aie la tête sans cesse remplie de tous les projets odieux que ce maudit Joseph enfante de nouveau chaque jour de l'année. Je suis donc condamné à ne jouir de quelque tranquillité qu'après qu'un peu de terre aura couvert mes ossements. Je suis, etc.
398. AU MÊME.
Le 11 décembre 1785.
Mon très-cher frère,
Mes incommodités sont, mon cher frère, un mélange de différents maux : c'est un commencement d'asthme,a des coliques hémorroïdales, un catarrhe presque continuel, une constipation presque continuelle, jointe à une atonie de boyaux, ce qui m'em-
a Voyez t. XXV, p. 404.