<524>sir entre ces rivaux qui se disputent pour l'honneur de m'asservir, j'avoue que je préférerais le démon, car le drôle a de l'esprit, il a séduit notre première mère et bien d'autres; au lieu que l'asthme est un bourreau impitoyable qui vous étouffe sans cesse, et ne vous achève jamais. Voilà, mon cher frère, le tableau de ma chétive existence, et il me faudra passer encore quelques jours dans l'incertitude pour juger lequel de ces deux héros, en expulsant son rival, s'assurera de ma conquête. Je ne manquerai pas de vous en rendre compte, vous priant de compter sur toute ma tendresse, comme sur toute mon estime, étant, etc.
405. AU MÊME.
Le 22 février 1786.
Mon très-cher frère,
Puisque vous voulez savoir de mes nouvelles, j'ai l'honneur de vous dire, mon cher frère, que depuis six jours ma santé commence à aller mieux. Après avoir été six jours sans dormir, le démon de la Faculté m'a rendu le sommeil, et cela m'a beaucoup soulagé; et l'on prétend que cette médecine me guérira. Il en était temps, car si l'insomnie et le total épuisement de forces avaient continué, je n'aurais jamais gagné le printemps. La toux a diminué de même; il ne me reste encore qu'une extrême faiblesse, et je doute que je regagne mes forces perdues. Vous avez la bonté de me dire que vous vous prépariez à retourner à Rheinsberg, et que peut-être iriez-vous revoir votre vieux frère. Ce vieux frère sera toujours charmé de vous embrasser et de vous assurer de vive voix du tendre attachement et de la haute estime avec laquelle il est, etc.