411. AU MÊME.
Le 10 avril 1786.
Mon très-cher frère,
Touché de votre amitié comme je dois l'être, je vous en témoigne, mon cher frère, toute ma reconnaissance. Jusqu'ici je souffre encore beaucoup, et je ne vois pas que la saison me soulage, mais bien la rhubarbe, à laquelle j'ai mon principal recours. Avec cela, les insomnies m'abîment, en me privant de mes forces. Toute cette combinaison de maux me met hors d'état de tirer avec quelque certitude le moindre pronostic de la tournure que prendra ma maladie. Au vrai, je ne m'attends pas à grand' chose, et j'ose croire que si la nature n'avait pas admis l'asthme parmi les ressorts destructifs de l'humanité, nous aurions moins de souffrances, et nous en payerions également le tribut à la nature. Je viens de voir un prince russe haut de deux pieds et demi; sa tête était ornée dans le goût du chapiteau corinthien. Il est chambellan de l'Impératrice; cependant je garantirais qu'il ne sera jamais associé avec ceux qui partagent les faveurs suprêmes. Je prends la liberté, mon cher frère, de vous présenter quelques fruits, vous assurant du tendre attachement et de la haute estime avec laquelle je suis, etc.
412. DU PRINCE HENRI.
Rheinsberg, 14 avril 1786.
Mon très-cher frère,
L'intérêt que je prends à votre santé, mon très-cher frère, est tout naturel; il est réglé sur le devoir et l'attachement. C'est le sentiment par lequel je vous ai écrit. Il aurait été heureux pour moi d'apprendre au moins que vous vous trouvez soulagé; mais les insomnies dont vous me parlez, mon très-cher frère, me font