<XXIII>La carrière militaire du prince Henri fut très-brillante. Il assista à la bataille de Chotusitz; il défendit avec succès, en 1744, la ville de Tabor,b et se signala spécialement à la bataille de Hohenfriedeberg. En 1757, il se distingua d'abord à Prague. Après la bataille de Kolin, Frédéric lui confia un petit corps de troupes pour défendre le grand magasin et l'hôpital de l'armée campée à Leitmeritz. Le prince fut blessé au bras à Rossbach; le 10 novembre 1757, Frédéric, se rendant en Silésic, alla le voir à Leipzig, où il attendait sa guérison. Le 11 mars 1758, le Roi lui confia le commandement de l'armée de Saxe, et dans sa Disposition testamentaire du 10 août, ainsi que dans son Ordre du 22 à ses généraux, il le déclara tuteur du Prince de Prusse avec une autorité illimitée.a De ce moment jusqu'à la paix, le prince Henri fut revêtu des fonctions les plus honorables, entre autres, le 8 mars 1760, du commandement de l'armée opposée aux Russes. Enfin, le 29 octobre 1762, il remporta à Freyberg une victoire signalée sur le prince de Stolberg.

Frédéric savait apprécier le mérite du prince Henri, et il ne négligeait aucune occasion d'en faire l'éloge. Ainsi il écrit au comte de Rottembourg, le 24 octobre 1745 : « Mon frère Henri s'est extrêmement distingué dans notre marche du 16, et on commence à connaître dans l'armée ses talents, dont je vous ai si souvent parlé. » Il écrit à la princesse Amélie, le 11 mai 1757, en lui parlant de la bataille de Prague : « Mon frère Henri a fait des merveilles, et s'est distingué au delà de ce que je puis en dire. » Voici encore comme il s'exprime dans ses Raisons de ma conduite militaire : « J'avais un grand magasin à Leitmeritz. Cette ville, commandée par les montagnes des environs, ne pouvait être défendue que par un corps qui occupât ces avenues. J'y postai treize bataillons et vingt escadrons sous les ordres de mon frère Henri, qui s'en acquitta à merveille. »b Le 17 septembre 1757, le Roi écrit à sa sœur de Baireuth : « J'ai lieu de me louer beaucoup de mon frère Henri; il s'est conduit comme un ange en qualité de militaire, et très-bien envers moi en qualité de frère. » Enfin, il s'énonce en ces termes sur le compte du prince dans sa lettre à sa sœur Amélie, du 3 mai 1761 : « J'ai pris congé de mon frère Henri. Il fait au delà de ce qu'il peut. Je puis dire que je l'aime véritablement, et que je lui sais gré de sa bonne vo- »


b Voyez t. III, p. 69.

a Voyez t. IV, p. 295 et 296, et ci-dessous, p. 206 et 609.

b Voyez t. IV, p. 150 et 151.