« <XXIV>lonté. Je me repose sur lui. Il a de l'esprit et de la capacité, deux choses bien rares à trouver, et recherchées dans les temps présents. »

Aux talents militaires le prince Henri joignait ceux d'un diplomate consommé. Envoyé pour des affaires importantes à Saint-Pétersbourg en 1770 et en 1776, et à Paris en été 1784, il s'acquitta de ces missions avec une grande habileté.

Lors de la guerre de la succession de Bavière, le prince Henri fut chargé du commandement de l'armée de Saxe; mais vers la fin de l'année 1778 il écrivit au Roi que sa santé ne lui permettait plus de soutenir les fatigues d'une campagne, et qu'il voulait se retirer, ce qui obligea Frédéric à nommer à sa place, le 13 décembre, le prince héréditaire de Brunswic.

Jusqu'à cette époque, Frédéric s'était entièrement reposé sur le prince du soin de veiller au salut de la patrie, au cas qu'il vînt lui-même à mourir.a Mais dès lors il ne fait plus aucune allusion à cette éventualité, ni aux services qu'il attendait de son frère, si elle se présentait.

Depuis la paix de Teschen jusqu'à sa mort, arrivée le 3 août 1802, le prince Henri vécut, si l'on en excepte ses voyages à Paris en 1784 et en 1789, au château de Rheinsberg, dont le Roi lui avait fait présent au mois de juin 1744. Il épousa, le 25 juin 1752, la princesse Wilhelmine de Hesse, qui mourut à Berlin le 8 octobre 1808, sans avoir eu d'enfants. Cette union, qui d'abord faisait naître les plus belles espérances, ne fut pas heureuse. Dans une lettre inédite à la landgrave Caroline de Hesse-Darmstadt, Berlin, 27 mai 1769, le prince dit, en parlant de sa femme : « Depuis trois ans, je suis absolument brouillé avec elle. » A partir de ce temps, il vécut toujours éloigné d'elle, quoiqu'il reconnût au fond de son cœur l'injustice de soupçons démentis par toute la conduite de cette princesse, à laquelle il ne put, depuis, refuser son estime.b

Il existe trois ouvrages sur la vie du prince Henri : 1o la Vie privée d'un prince célèbre, ou détails des loisirs du prince Henri de Prusse dans sa retraite de Rheinsberg (par Guyton de Morveau, connu dans la maison du prince sous le nom de Brumore). A Véropolis, 1784, quatre-vingt-seize pages petit in-8. 2o Kritische Ge-


a Voyez ci-dessous, p. 206, 207, 406, 427, 428, 429, 435, 445 et 609. Voyez aussi Militärischer Nachlass des Grafen Henckel von Donnersmarck, t. II, cahier II, p. 215.

b Voyez la Vie privée, politique et militaire du prince Henri, p. 146 et 147.