274. DU PRINCE HENRI.

Berlin, 6 avril 1777.



Mon très-cher frère,

Je ne saurais vous exprimer ma joie lorsque j'ai trouvé hier à Brandebourg la lettre dont vous m'avez honoré, mon très-cher frère. Elle est d'autant plus sensible par l'espoir que vous me donnez de vous voir demain.444-a Comment puis-je, à ce sujet, vous exprimer ma reconnaissance? Je vous supplie d'être convaincu que je n'oublierai de ma vie cette marque gracieuse de votre attention. A l'exception du sommeil et d'une grande faiblesse de poitrine, je suis remis aussi bien qu'on peut l'être après une si longue maladie.444-b J'ai voyagé avec beaucoup de lenteur, dont j'aurais honte en toute autre occasion. J'ai pourtant éprouvé qu'il m'aurait été impossible de faire autrement, l'haleine m'étant encore très-courte, et la voiture par conséquent fatigante. Vous avez daigné ajouter, mon cher frère, des nouvelles à votre lettre, et des bulletins, pour lesquels je vous rends très-humblement grâce. J'ignorais la maladie de l'impératrice de Russie, et également tous les changements arrivés en Saxe. Cette dernière af<390>faire est affreuse dans ses circonstances, et l'Électrice mérite bien d'être comptée parmi les femmes atroces.444-c

Je ne fais que d'arriver, et me trouve surtout très-ému par vos bontés et par l'espérance de vous assurer demain, mon très-cher frère, et de ma reconnaissance pour vos bontés, et du tendre et respectueux attachement avec lequel je serai toute ma vie, etc.


444-a Le prince Henri était parti de Brunswic le 3 avril,

444-b Voyez t. XXV, p. 78.

444-c Ces dernières lignes se rapportent à une affaire sur laquelle on peut consulter C.-W. Böttiger, Geschichte des Kurstaates und Königreiches Sachsen, Hambourg, 1831, t. II, p. 399 et 400. Quant à l'électrice Marie-Antonie de Saxe, voyez notre t. XXIV.