<114>les chœurs pompeux, et les ballets y répondent parfaitement bien. Aujourd'hui nous avons comédie; l'arlequin est aussi bon qu'on en puisse avoir, quelques acteurs sont passables, mais le reste demande encore quelque réforme. Demain nous aurons la première mascarade au château. Voilà toutes les nouvelles que Berlin fournil. Je suis bien aise d'apprendre que ma sœur d'Ansbach se remette de l'accident qui lui est arrivé. Je souhaite de tout mon cœur que sa santé se raffermisse. Adieu, ma très-chère sœur; conservez votre précieuse personne contre toutes les incommodités de la mauvaise saison, et faites-moi la justice de me croire avec une tendresse parfaite, etc.
126. A LA MÊME.
Berlin, 8 décembre 1742.
Ma très-chère sœur,
Vous badinez sur le sujet de nos divertissements; mais c'est tout ce qu'il reste à faire à des personnes désœuvrées comme nous. Pendant que les grands princes de l'Europe se font la guerre véritablement, nous la faisons sur le théâtre, et voyons galamment représenter la fureur des hommes. Nous avons vu et entendu hier l'opéra de César; le public en paraît très-content, et je suis du sentiment qu'il a raison, car je n'ai vu de ma vie un spectacle plus galant et plus magnifique. Nos voix sont fort supérieures à celles de l'année passée, et les danses sont aussi bonnes qu'il y en ait en Europe.
Je crois que vous avez des nouvelles de Prague par les Autrichiens, car les miennes sont toutes différentes; il ne faut jamais croire ce que ces fanfarons disent. La guerre pourra peut-être se finir plus tôt que l'on ne pense, si la France trouve moyen de détacher la cour de Vienne de l'Angleterre. Enfin il est impossible que l'on juge à présent de ce chaos, que le temps seul doit débrouiller.