135. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
(Ansbach) ce 19 (septembre 1743).
Ma très-chère sœur,
J'ai le plaisir de trouver ici de toute part des sœurs que j'aime, et qui ont des bontés pour moi. Je suis affligé lorsque j'en quitte une, et je me réjouis lorsque je vois l'autre. Je pars demain d'ici, et j'aurai samedi à midi le plaisir de vous rendre mes devoirs. Nous conjurerons l'orage avec la duchesse de Würtemberg, et j'espère que tout ira à souhait. J'espère que Voltaire et Porporino vous auront amusée, ma très-chère sœur, pendant mon absence. Vous suppliant de me croire avec la tendresse la plus parfaite, ma très-chère sœur, etc.
136. A LA MÊME.
Charlottenbourg, 3 octobre 1743.
Ma très-chère sœur,
Chasot m'a rendu la lettre que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire; il m'a rappelé le souvenir touchant de tout ce que j'ai vu à Baireuth, ou, pour mieux dire, il m'a arraché de nouvelles larmes. La Reine douairière, qui est fort sensible à voire souvenir, m'a fait mille questions sur votre sujet, dont la moindre devrait vous être sensible par la part qu'elle prend à ce qui vous regarde. J'ai trouvé que, pour ma satisfaction, j'étais resté d'un siècle trop peu à Baireuth, et que, pour mes affaires, j'y étais resté un siècle de trop, tant peu notre devoir s'accorde avec nos inclinations. J'espère, pour l'amour de votre santé et de votre repos, que vous serez quitte de Médée, et que la tranquillité entière régnera à Baireuth. Nous aurons le 8 opéra, au jour de nom de ma sœur Amélie, et bal masqué dans la salle. Tous ces