<17>Heidelberg, où j'ai vu une ville qui, jadis toute de notre religion, est à présent remplie de séminaires de jésuites et de couvents catholiques. Le cœur m'en a saigné, et j'ai eu plus d'une fois l'envie de saccager ces traîtres qui persécutent des innocents. L'armée française a envoyé un détachement du côté de Brisach, et le reste est auprès de Worms et de Spire, de sorte que nous nous donnons la chasse les uns aux autres, sans nous mordre. Adieu, très-chère sœur; je ne fais que descendre de cheval. Vous me connaissez, et vous ne doutez pas, à ce que j'espère, que mon cœur et ma vie vous sont tendrement dévoués.
16. A LA MÊME.
Fribourg, 10 août 1734.
Ma très-chère sœur,
Ce jour est bien heureux pour moi, ayant eu le bonheur de recevoir deux de vos chères lettres, l'une du 28, et l'autre du 1er. Je suis charmé que vous me marquiez que votre santé va un peu mieux; j'espère de tout mon cœur que les eaux contribueront à la rétablir, car je crois que vous-même n'y pouvez prendre plus de part que j'y prends. Je vous rends millions de grâces du charmant solo que vous me faites la grâce de m'envoyer; dès que le Roi sera parti, ce qui se fera le 13 au matin, j'aurai l'honneur de vous envoyer un solo de ma façon, qui, à la vérité, n'approche de longtemps pas le vôtre, mais qui est la faible production d'un méchant apprenti. Pour le Margrave, il peut venir ici dans la plus grande sûreté du monde,a car les Français ont détaché dix mille hommes pour l'Italie, marque certaine qu'ils n'entreprendront plus rien cette campagne. Nous nous camperons demain à l'autre côté du Main, et notre aile droite, où je me trouve, n'aura que le Rhin entre elle et Mayence, dont je ferai
a Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 139 et suivantes, 182 et suivantes, 190 et suivantes.