<18>bon usage dès que le sérénissime sera parti. Comptez là-dessus que vous serez délivrée de sa visite, car il a commandé les chevaux pour Wésel. Nous resterons pour le moins trois ou quatre semaines dans ce camp. J'espère, à mon retour, d'avoir l'honneur de vous faire ma cour et de me mettre à vos pieds; ce n'est pas pour les cuisiniers, mais bien pour embrasser une sœur que j'adore, et qui m'est plus précieuse que toutes les richesses du monde. N'en doutez pas, chère sœur, car ce serait donner le désespoir à celui qui sera jusqu'à la mort avec un respect infini, ma très-chère sœur, etc.
Je suis fort chagrin de ce qui arrive à Ansbach, et je suis brouillé à toute outrance avec le nouveau beau-fils, qui est la bête la plus féroce de tout ce camp.
17. A LA MÊME.
Heidelberg, 2 septembre 1734.
Ma très-chère sœur,
Je suis charmé de pouvoir continuer à vous apprendre que tout le monde se porte, grâces au ciel, fort bien. Nous restons dans notre inaction ordinaire, et nous divertissons de notre mieux. L'on a reçu un exprès de Wésel, il y a deux jours, pour chercher le docteur Eller, à cause que le Roi se doit trouver très-mal d'un suffoquement de poitrine. L'on donne très-mauvaise opinion de sa santé, tant que le médecin de Hollande qu'il a fait venir le croit hydropique.a Vendredi nous apprendrons des nouvelles plus fraîches, dont je ne manquerai pas de vous faire part. Le bon Dieu, qui dirige tout dans le monde, et qui est le premier principe des événements qui arrivent, en disposera selon sa sagesse, et selon que sa sainte volonté l'aura résolu; je m'y soumets
a Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 194, et (David Fassmann) Leben und Thaten des Königs Friderici Wilhelmi, t. I, p. 512 et suivantes.