<196>le même empressement et la même joie. Daignez donc me dire un mot. Je voudrais au moins vous recevoir une fois dans ma vie comme y étant préparé, sans cérémonie cependant, vous ne les aimez pas, et je les déteste, mais en témoignant mon contentement par des fêtes qui ne pourront que vous divertir sans vous embarrasser. J'attends votre réponse avec bien de l'impatience, en vous réitérant les assurances de la plus parfaite tendresse et de tous les sentiments avec lesquels je suis, ma très-chère sœur, etc.
223. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
(Sans-Souci, 1er septembre 1750.)
O toi que j'ai chéri dès ma tendre jeunesse!
Frère dont les vertus augmentent ma tendresse,
Toi que le ciel forma pour régner sur les cœurs,
Reçois ce triste adieu que je baigne de pleurs.
Séjour de Sans-Souci, pour moi si plein de charmes,
Je ne retrouve en toi que des sujets de larmes;
Ton dieu, ton créateur, éloigné de ton sein,a
Ne t'illumine plus par son esprit divin.
Pour apaiser mes maux Bacchus en vain s'empresse,
En vain j'ai mon recours à l'immortel Lucrèce;
Je sens que le plaisir me paraîtra souci,
Loin du cher Philosophe de Sans-Souci.
Ce ne sont point les dieux, mais le cœur qui les dicte.
a Frédéric partit de Berlin le 1er septembre pour faire sa tournée militaire à Cüstrin, Glogau, Breslau, Brieg, Neisse, Glatz, Schweidnitz et Liegnitz. Il était de retour le 21.