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25. A LA MÊME.

Berlin, ce je ne sais quantième de juin 1735.



Ma très-chère sœur,

J'ai reçu avec plaisir la lettre que vous m'avez fait la grâce de m'écrire, et principalement puisqu'elle me réitère la continuation de votre précieuse santé. J'ai à présent eu le plaisir de recevoir de vos chères lettres, de sorte que j'ai réponse à toutes les miennes. Ma situation n'est pas telle que vous le pensez, ma très-chère sœur. La maladie du Roi n'est que politique; il se porte bien dès qu'il en a l'envie, et se rend plus malade lorsqu'il le trouve à propos. J'y ai été trompé dans le commencement, mais à présent je m'aperçois du mystère. Vous pouvez compter, ma très-chère sœur, que, grâce à Dieu, il a la nature d'un Turc, et qu'il survivra à la postérité future, pour peu qu'il en ait envie et qu'il veuille se ménager. Pour la Reine, vous connaissez son bon cœur, qui ne se dément jamais; et quand même il paraît que les amis officieux à rendre de mauvais services y réussissent pour un temps, sa bonté et la tendresse qu'elle a pour ses enfants la ramènent d'abord. Je n'ai pas raison de me plaindre d'elle; au contraire, si je ne m'en louais pas extrêmement, j'en agirais comme un indigne et un ingrat. Je vous prie de faire bien mes compliments au Margrave; il a trop de bonté de relire ma lettre souvent; peut-être que la morale lui en plaît. Dégoûté du monde de tous les côtés, comme je le suis, je donne extrêmement dans les réflexions, qui me font connaître de plus en plus qu'il n'y a aucun bonheur stable et permanent à trouver ici-bas, et que plus l'on connaît le monde, et plus l'on s'en dégoûte, y trouvant plus de chagrin et de malheur que de sujets de joie et de bonheur. Étant à la veille de ma revue, vous vous imaginerez, ma très-chère sœur, que, indécis sur ce qui arrivera demain, vous croyez que je m'inquiète aujourd'hui; mais je commence à envisager toutes ces choses d'un œil plus indifférent qu'à l'ordinaire. Adieu, ma très-chère sœur; il n'y a que vous qui m'attachiez encore au