<274>venir, et suis avec tout le respect et la tendresse imaginable, mon très-cher frère, etc.

302. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Ce 30 (août 1755).



Ma très-chère sœur,

J'ai eu le plaisir de recevoir votre chère lettre à mon retour du camp.a Mon Dieu, vous vous intéressez trop obligeamment à ce qui me regarde. Comment est-ce qu'une créature qui dans le fond vous est aussi inutile que je le suis peut attirer votre attention? Je n'ai perdu que deux dents mâchelières, ce qui m'incommode un peu pour le manger, mais qui ne me dérange point pour la flûte. Je souhaiterais que cette flûte vous pût faire plaisir, je l'en aimerais davantage; mais, ma chère sœur, une musique de dilettantea ne peut guère flatter des oreilles aussi savantes que les vôtres. Vous avez trop de bonté de permettre que Stefanino, au lieu de chanter ailleurs, chante ici lorsque vous n'en avez pas besoin; comme vos opéras sont l'été, et les nôtres en hiver, je crois qu'il pourra faire face à tous les deux; je le tiens pour le meilleur chanteur qu'il y ait à présent en Europe.

Je suis charmé de vous savoir à présent dans la Jérusalem nouvelle,b et j'espère que vous y serez plus commodément que dans l'ancienne. Je n'ai vu cette habitation que de loin; mais je ne l'ai pas moins considérée que comme un sanctuaire qui servirait de réceptacle à ma divinité. Vous avez trop de bonté de vouloir instruire mon ignorance, et de me rendre participant de votre voyage de Rome. Je suis sûr que vous rendrez meilleur compte du mont Palatin et de Rome ancienne que beaucoup de cicerone ignorants, et qui ne savent ni ne sauront de toute leur


a De Spandow.

a Voyez t. XXV, p. 195.

b Voyez ci-dessus, p. 251 et 309.