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14. DE LA MÊME.

(Schwedt) 1er juin 1760.



Mon très-cher frère,

Vous ne vous êtes pas contenté seulement, mon très-cher frère, de me témoigner toutes les grâces et bontés imaginables pendant le peu de séjour que vous avez fait ici, mais à mon réveil j'ai trouvé une lettre qui m'a pénétrée jusqu'au fond du cœur, et il faudrait n'avoir pas le moindre sentiment pour ne pas être touchée de la candeur et de l'amitié fraternelle avec laquelle vous daignez agir avec moi. Tout ce que je pourrais vous dire à ce sujet ne serait pas suffisant, et toutes mes expressions trop faibles. J'ai recours à votre indulgence, étant bien persuadée que vous me connaissez trop bien pour ne pas être convaincu que vous n'avez pas affaire à une sœur ingrate, mais à une personne qui vous chérira et adorera toute sa vie. Qu'il est triste que ces heureux moments que j'ai eu le bonheur de passer avec vous, mon très-cher frère, se sont écoulés si vite! et que n'aurais-je pas donné, si j'avais pu les métamorphoser en jours! J'ai cependant mille très-humbles excuses à vous faire d'avoir été si mauvaise hôtesse, et en même temps mille très-humbles remercîments de vous avoir bien voulu ennuyer avec une pauvre infirme. Si le bon Dieu me rend ma santé, ce que j'ai tout lieu d'espérer, je tâcherai de le redresser lorsque vous m'honorerez une autre fois d'un pareil bonheur. L'intérêt que vous daignez prendre à ma santé ne peut que contribuer à la rendre meilleure de jour en jour. Veuille le ciel seulement conserver la vôtre, qui est d'un prix inestimable! Et c'est une grande consolation pour moi de ce que, grâce à Dieu, je vous ai trouvé si bon visage après toutes les terribles douleurs de goutte que vous avez eues. J'espère qu'elles seront bannies pour longtemps à présent, et que vous jouirez d'une santé parfaite. Ce sont les vœux de celle qui a l'honneur de se nommer avec un très-profond respect, etc.