7. A LA PRINCESSE AMÉLIE ET A LA DUCHESSE CHARLOTTE DE BRUNSWIC.
(Camp de Prague) ce 11 (mai 1757).
Mes chères sœurs,
J'ai reçu vos lettres dans la plus violente crise, ce qui m'a empêché de vous répondre plus tôt. Je vous écris à toutes les deux, n'ayant pas le temps de faire plus d'une lettre. Nous avons à présent ébauché ici l'ouvrage; il faudra encore quelques petits coups de cognée pour l'achever. Mon frère Henri a fait des merveilles, et s'est distingué au delà de ce que je puis en dire; mes deux autres frères n'ont pas du tout été dans la bataille; ils se sont trouvés dans l'armée du maréchal Keith. Nous avons perdu le digne maréchal Schwerin et bien des braves officiers. J'ai perdu des amis que je regretterai toute ma vie; enfin, mes chères sœurs, si le bonheur nous favorise à présent, nous aurons gain de cause. Toute la généralité, et, selon le dire des déserteurs, soixante mille hommes sont enfermés à Prague; j'entreprends de les réduire à se rendre prisonniers de guerre. C'est une terrible entreprise; il faut du bonheur pour y réussir. Ma chère Lottine, duchesse de Brunswic, et vous, ma chère sœur l'abbesse, je vous embrasse toutes les deux de tout mon cœur.
Voilà une lettre pour notre chère mère.a
8. DE LA PRINCESSE AMÉLIE.
Monbijou, 16 mai 1757.
Mon très-cher frère,
Nous avons eu une forte dispute, ma sœur et moi, par rapport à la lettre que vous nous avez fait l'honneur d'écrire en com-
a C'est probablement la lettre imprimée t. XXVI, p. 88 et 89, sous le no 15.