<400>Et de nos pertes signalées
Renouveler l'affreux tableau?
Lorsque de l'occident amenant les ténèbres,
Etendant sur l'azur des cieux
Les crêpes épaissis de ses voiles funèbres,
La nuit vient cacher à nos yeux
De l'astre des saisons le globe radieux,
Philomèle au fond d'un bocage
Ne fait plus retentir de son tendre ramage
Les échos des forêts alors silencieux;
Elle attend le moment que la brillante aurore,
Versant le nectar de ses pleurs,
Avec l'aube nous fasse éclore
Le jour, les plaisirs et les fleurs.
Ma sœur, en suivant son exemple,
Muet dans ma douleur, sensible à mes revers,
Laissant pendre mon luth, laissant dormir les vers,
J'attends que la Fortune, à la fin, de son temple
Me rende les sentiers ouverts.
Mais si je vois que la cruelle
D'un caprice obstiné me demeure infidèle,
Du fond de ses tombeaux et des urnes des morts
Je n'entraînerai point la plaintive élégie
Dont l'artifice et la magie
Nous endort sur les sombres bords.
Ah! plutôt sur le ton de la vive allégresse
J'aimerais à monter mon luth,
Suivre des Ris la douce ivresse,
Aux Plaisirs payer mon tribut.
Qui se trouve au milieu des fleurs à peine écloses,
L'air plein de leurs parfums, et l'œil de leurs attraits.
Cueille l'œillet, les lis, les jasmins et les roses.
En se détournant des cyprès.
Tandis que ces riants objets
A moi se présentent en foule,
Emporté d'un rapide cours,
Le temps s'enfuit, l'heure s'écoule.
Et m'approche déjà de la fin de mes jours.
Pourrai-je encor sur le Parnasse.
Me traînant sur les pas d'Horace,
Monter, en étalant mes cheveux blanchissants.
Quand neuf lustres complets dont me chargent les ans
Me montrent la frivole audace